Une lourde condamnation pour un Burkinabé. Le nommé A.L. ressortissant burkinabé originaire de la ville de Dori a été jugé ce mercredi 31 mai 2023 pour des faits d'appartenance à une organisation terroriste. Selon le verdict de la CRIET, l'homme a été reconnu coupable des faits d'appartenance à une organisation terroriste. Il a été condamné à 30 ans de réclusion criminelle et à une interdiction de séjour sur le territoire béninois après exécution de sa peine, rapporte l'envoyé spécial de Libre Express.
L'accusé est en effet en prison depuis mars 2021 après son arrestation au Parc Pendjari par des rangers. Lors de son procès qui s'est ouvert une première fois, des juges de la CRIET se sont déclarés incompétents et ont renvoyé le dossier devant la commission d'instruction de la CRIET. Une fois l'instruction terminée, un arrêt de renvoi devant la chambre de jugement a été rendu.
Son procès s'est donc ouvert ce mercredi au cours de la deuxième session criminelle de l'année 2023 en cours à la CRIET. À l'ouverture du procès, le juge Guillaume Lally a lu les faits reprochés à l'accusé burkinabè, aujourd'hui âgé de 27 ans. Selon le président de céans, courant mars 2021, une équipe de rangers en patrouille dans la zone sud-ouest du Parc Pendjari a surpris le 25 mars 2021 trois individus sur deux motos. Se rapprochant de ces individus, un membre appartenant à ce groupe a tiré sur ces rangers. Les échanges de tirs ont duré une vingtaine de minutes.
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Bilan ? Deux individus appartenant à cette bande ont réussi à prendre la clé des champs. Mais, un de ces individus en la personne de l'accusé A.L. a été grièvement blessé par les rangers du Parc. Il a été évacué par hélicoptère dans un hôpital de Tanguiéta. Les rangers ont saisi chez l'accusé deux armes de type AKM, une radio émetteur, 151 munitions, une lunette de tirs, 06 chargeurs et deux motos.
Transféré à l'hôpital, il a été arrêté après les soins et son dossier a été transféré à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET). Selon les faits présentés par le juge, l'accusé se présente lui-même comme membre d'un groupe terroriste basé au Mali dans une forêt fictive appelée Serama qui se trouverait près de la ville malienne de Douentza. L'accusé qui a souligné au cours de l'instruction que ses parents vivaient dans la ville béninoise de Banikoara est également un assistant coranique. Il aurait déclaré qu'il est allé étudier dans une école coranique qui se trouve à Serama. Selon le juge, cette ville n'existe nulle part sur la carte du Mali.
L'accusé à la barre
Convoqué à la barre, l'accusé A.L. a déposé en langue peule. Sa déposition a été traduite à la Cour par un traducteur assermenté. Le prévenu a été interrogé sur ces liens avec le groupe terroriste dont il serait membre. Il a déclaré à la Cour qu'il n'est pas membre de ce groupe, que lui-même entendait parler de ce groupe.
Quant aux armes retrouvées en sa possession, il a déclaré que les armes lui ont été confiées et qu'elles ne lui appartiennent pas. L'accusé a confié qu'il n'est pas jihadiste, mais qu'il avait des amis de cette école coranique qui sont des jihadistes. Il a rejeté en bloc les accusations. Néanmoins, au cours de sa déposition, il a reconnu être en repérage de ressortissants blancs dans le Parc Pendjari. Selon le juge, ce repérage serait pour faire du kidnapping d'européens.
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L'accusé a été également confondu par le juge et le parquet spécial représenté par le procureur Armand Hounguè. Le prévenu a fait des déclarations qualifiées de contradictoires par la Cour.
Selon le président de céans, le magistrat Guillaume Lally, l'accusé a reconnu les faits tant à l'enquête préliminaire que devant la commission d'instruction.
Le rapport de moralité lui est défavorable. L'accusé ne cacherait pas son appartenance à un groupe terroriste, selon le rapport. Mais, son casier judiciaire ne présente aucune condamnation.
30 ans de réclusion criminelle requis par le procureur
Dans sa réquisition, le parquet spécial représenté par le procureur Armand Hounguè a souligné que l'accusé a reconnu les faits qui lui sont reprochés tout au long de l'enquête. Il a notamment reconnu qu'il avait été formé au maniement des armes et qu'il est en mission d'implantation de son groupe au Bénin. Des vidéos de propagande de groupes jihadistes ont été retrouvées sur des cartes qui ont été saisies chez l'accusé.
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Selon le procureur, l'accusé en prison est l'imam de son bâtiment. À l'en croire, en prison, il regroupe ses frères d'armes pour des prêches. L'accusé échange également avec eux chaque nuit entre 23 heures et 03 heures du matin en langue. Ces faits d'appartenance à une organisation terroriste sont sévèrement punis par les articles 126, 161 et 162 du code pénal en vigueur au Bénin. Il a donc requis 30 ans de réclusion criminelle contre le prévenu.
L'avocat de la défense a plaidé la clémence de la clémence de la Cour. Il a reproché à la réquisition du procureur de ne pas tenir compte des dépositions de l'accusé. " Son contact avec une organisation terroriste n'a pas été fait en pleine connaissance", a déclaré l'avocat.
30 ans de réclusion criminelle
Après une suspension de l'audience, la Cour a rendu son verdict dans le dossier. Les juges de la CRIET ont suivi la réquisition du ministère public et sont même allés au-delà.
Ce ressortissant burkinabé a été condamné à 30 ans de réclusion criminelle et à une interdiction de séjour sur le territoire béninois après exécution de sa peine. En prison depuis 2021, il lui reste encore 28 ans de prison s'il ne faisait pas appel du verdict.
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