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Suspensions de médias par la HAAC au Bénin : Amnesty International, RSF et Internet sans frontières dénoncent une régression

Une vague de sanctions récentes contre les médias indépendants au Bénin a soulevé de vives inquiétudes quant à l'état de la liberté de la presse. Amnesty International, Reporters sans frontières (RSF) et Internet sans frontières tirent la sonnette d'alarme et appellent à une réforme urgente du Code du numérique, actuellement en débat au Parlement.

Image d'illustration

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Au Béninois, l'étau se resserre sur les médias inquiète des Organisations de la Société civile. Depuis le début de l'année 2025, la Haute Autorité de l'Audiovisuel et de la Communication (HAAC) a pris des mesures drastiques, suspendant plusieurs organes de presse. Ce qui soulève des questions sur la liberté d'expression et le rôle des médias dans la société béninoise, selon les trois organisations.

 

Dans un rapport rendu public à l’occasion de la journée internationale de la liberté de la presse le vendredi 2 mai 2025, Amnesty International, RSF et Internet sans frontières voient d'un mauvais oeil la suspension tous azimuts de médias au Bénin. 

 

Selon les trois organisations, le mercredi 12 mars 2025, Bénin Web TV a été suspendu et la carte de presse de son directeur général a été retirée. La HAAC a justifié cette décision en accusant le média d'avoir diffusé des informations inexactes dans deux articles. 

 

Plus tôt, le 21 janvier, le journal Le Patriote et son site Internet avaient subi le même sort, notamment après la publication d'un éditorial critique envers la stratégie gouvernementale. Selon le directeur de publication du Patriote, cette situation risque d'instaurer une autocensure parmi les journalistes, qui hésiteront à couvrir des sujets sensibles. 

 

LIRE AUSSI : Code électoral, détention arbitraire, Steve Amoussou au Bénin : Amnesty International dresse un bilan alarmant en 2024

 

« Mon journal était l'un des rares qui donnaient la parole à tous les camps. Je suis sûr qu'au regard du contexte actuel, les médias ne prendront plus le risque de traiter les informations sur la situation sécuritaire en dehors de celles qui viennent du gouvernement ou des autorités en charge de la sécurité », a-t-il déclaré à Amnesty International. 

 

Les organisations de défense de la presse dénoncent ces sanctions comme une atteinte intolérable à la liberté de la presse. « Aucun des motifs légitimes de restriction de la liberté d'expression prévus par le droit international n'est invoqué dans ces cas de censure. Les sanctions de la HAAC menacent également la survie économique des médias et de leurs employés. Il s'agit d'une atteinte intolérable à la liberté de la presse », a déclaré Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique subsaharienne de Reporters sans frontières. 

 

Cette vague de répression n'est pas un cas isolé. En février 2024, le groupe de presse La Gazette du Golfe a dû licencier tous ses employés après la suspension de ses activités par la HAAC en 2023. En janvier 2024, plusieurs sites d'information et un compte TikTok ont également été suspendus. La HAAC a invoqué des motifs tels que « sites Internet non autorisés », « allégations sans fondements » et diffusion de « contenus médiatiques sans autorisation préalable de la HAAC ». 

 

Cependant, les organisations de défense des droits rappellent que ces suspensions contreviennent aux normes internationales relatives à la liberté d'expression. 

 

La réforme du Code du numérique devient urgente

 

Face à cette situation critique, Qemal Affagnon, coordinateur régional pour l'Afrique de l'Ouest d'Internet sans frontières, insiste sur l'urgence de réformer le Code du numérique. « La HAAC s'appuie sur l'actuel Code du numérique pour punir tous ceux qui commettent des 'actes délictueux'. 

 

L'examen d'un projet de loi modifiant ce Code est l'occasion de mettre en œuvre les recommandations acceptées par le gouvernement en 2023 lors du 4ème cycle de l'Examen Périodique Universel, conformément au travail de modification consultatif mené auprès des députés béninois par Internet sans frontières. Il est essentiel pour garantir la liberté d'expression et l'indépendance de la HAAC », a-t-il déclaré. 

 

Amnesty International avait d'ailleurs souligné la nécessité de cette révision dans ses recommandations au Bénin lors de cet examen. Le Bénin a accepté plusieurs recommandations visant à garantir l'indépendance de la HAAC et à réviser le Code du numérique, notamment l'article 550 qui restreint indûment le droit à la liberté d'expression.

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