Le Bénin va mal en matière des droits humains. Le rapport 2024 d'Amnesty International dresse un tableau sombre de la situation des droits humains à l'échelle mondiale notamment au Bénin. L'année 2024 a été marquée par une dégradation inquiétante des libertés fondamentales, caractérisée par une montée de l'autoritarisme et une augmentation des inégalités.
Parallèlement, de nombreux gouvernements ont intensifié leur contrôle sur les populations, limitant drastiquement la liberté d'expression, d'association et de réunion, tel le cas du Bénin, selon le rapport qui met en évidence une série de manquements inquiétants aux standards internationaux des droits humains.
Code électoral, relations tendues avec le Niger
Dans un contexte politique tendu, un nouveau code électoral adopté en mars restreint l’accès aux scrutins, dont la présidentielle de 2026. Les relations avec le Niger se sont dégradées après le refus de ce dernier d’ouvrir ses frontières, malgré la levée des sanctions de la CEDEAO. La conséquence immédiate a été la hausse du coût de la vie. Les expulsions forcées, liées à des projets touristiques, n’ont pas donné lieu à une indemnisation satisfaisante pour les victimes, révèle le rapport.
Concernant la liberté d’expression, « des personnalités de l’opposition ont été maintenues en détention arbitraire. Les conditions de détention ne respectaient pas les normes internationales relatives aux droits humains concernant le traitement des détenu-e-s ».
LIRE AUSSI : Bénin : Amnesty International appelle le gouvernement à respecter la décision de l’ONU en libérant Joël Aïvo
Selon Amnesty, Steve Amoussou, inculpé pour « provocation directe à la rébellion, initiation et publication de fausses nouvelles sur les réseaux sociaux et harcèlement par voie électronique », reste jugé par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET).
La suspension des publications de La Gazette du Golfe après le gel de ses comptes bancaires, sont entre autres les atteintes à la liberté d'expression relevées par Amnesty International.
La liberté de réunion pacifique a été entravée
Le 26 avril 2024 à Cotonou, une manifestation syndicale interdite a été « réprimée avec une force excessive ». Plusieurs dirigeants ont été brièvement arrêtés. Le préfet du Littoral a ensuite autorisé une nouvelle marche le 11 mai. En fin d’année, l’arrestation d’un syndicaliste appelant les dockers à se réunir a provoqué une grève. Le militant a été libéré le jour même après présentation au procureur.
Les arrestations et les détentions arbitraires persistent
Selon Amnesty International, « l’opposante Reckya Madougou était toujours détenue », malgré l’avis du Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire. Condamnée en 2021 pour « complicité d’actes terroristes », elle purge une peine de 20 ans.
Par ailleurs, suite à la mort de Samba Fayçal Ouorou Gani après un contrôle policier, sept agents ont été mis en examen le 27 novembre, ouvrant une enquête pour usage excessif de la force, affirme le rapport. Le rapport 2024 d'Amnesty aborde aussi les conditions de détention qui sont qualifiées de « déplorables ».
En septembre, les onze (11) centres accueillaient plus de 19 000 détenu-e-s pour une capacité de 6 000. Les cellules surpeuplées et sales, l’accès limité à l’eau potable et aux soins et l’absence de ventilateurs ont été soulignés.
Des avancées soulignées
Malgré ce contexte préoccupant, le rapport d'Amnesty international note quelques lueurs d'espoir, mettant en évidence certaines avancées en matière de droits des femmes et de lutte contre la discrimination. Il salue également la résilience de la société civile et l'engagement des citoyens qui se mobilisent pour défendre les droits humains.
Amnesty International appelle à une action urgente et concertée pour inverser cette tendance négative et construire un monde dans lequel les droits fondamentaux sont respectés pour tous.
Commentaires