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Lutte contre le terrorisme au Bénin : un militaire du renseignement et un chef village de Malanville déposés en prison par la CRIET

Au Bénin, un militaire du renseignement, un chef village et un éleveur de la ville de Malanville ont été jugés le jeudi 7 mars 2024 par la CRIET. Ils sont poursuivis pour dénonciation calomnieuse et abus de fonction dans le cadre de la lutte contre le djihadisme que mène l'armée béninoise dans le nord du pays.

Des militaires béninois. Image d'illustration

Des militaires béninois. Image d'illustration

Les faits pour lesquels un militaire béninois du renseignement, un chef village de Malanville et un éleveur sont en prison sont graves. Des populations victimes des agissements d'un militaire du renseignement déployé à Malanville ont été obligés de dénoncer les faits et de saisir directement le procureur spécial près la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET).

 

L'enquête ouverte a permis d'interpeller les trois personnes poursuivies et qui sont en détention provisoire depuis le mercredi 13 décembre 2023. Deux chefs d'accusation pèsent contre les prévenus. Il s'agit des faits d'abus de fonction et de dénonciation calomnieuse, rapporte l'envoyé spécial de Libre Express.

 

Jeudi 7 mars 2024, une nouvelle audience s'est ouverte dans le procès de ces trois personnes. Ils ont tous plaidé non coupables. Les faits reprochés aux prévenus se sont déroulés à Malanville et sont liés à la lutte anti-terroriste menée par l'armée dans cette région du Bénin. Convoqué à la barre, le chef village a accusé le militaire de demander de l'argent aux villageois et d'avoir pris 400 000 FCFA chez un de ses frères. Ceci, dans le but d'empêcher l'armée béninoise de les arrêter pour terrorisme et d'épargner leur village.

 

Selon son récit devant le juge, les habitants de ce village aurait agi ainsi parce que des militaires sont venus arrêtés un imam de leur village qui est soupçonné d'appartenance à une organisation terroriste. Le chef village a déclaré à la cour que ses administrés lui ont indiqué que c'est le militaire du renseignement qui a donné les informations sur l'imam et l'armée béninoise est venue l'appréhender, rapporte l'envoyé spécial de Libre Express.

 

Le chef village qui est aujourd'hui incarcéré à la prison civile de Missérété a aussi confié que lui-même en tant que première autorité du village a été accusé par les villageois d'être de mèche avec le militaire du renseignement. Les raisons de ce soupçon est qu'il a collaboré avec l'armée béninoise et est lui-même resté avec eux dans la brousse pendant cinq jours pour leur indiquer les chemins de la zone, a-t-il déclaré.

 

LIRE AUSSI : Bénin : 02 Libériens arrêtés à Kandi pour terrorisme 

 

Lors de cette mission de reconnaissance de la zone avec les militaires, le chef village a déclaré à la cour avoir vu l’éleveur s'enfuir avec d'autres présumés terroristes. Cet éleveur,  apprend le chef village, a disposé son propre champ pour le campement de ces présumés djihadistes. À la suite, l’éleveur aurait été porté disparu et est revenu trois mois plus tard, selon les déclarations du CV.

 

De retour après les trois mois d'absence, le chef village affirme l'avoir revu en train d’attacher des sacs de vivres sur sa moto. C'est alors qu'il informé l’agent des renseignements sur sa présence dans le village. Le militaire a échangé avec l’éleveur loin du chef de village. Après cette discussion, l’éleveur, présumé terroriste n'a pas été inquiété et il est reparti tranquillement avec sa moto.


Mais après plusieurs jours, l’éleveur est retourné vers le chef village le menaçant et lui reprochant d'envoyer à sa chasse des militaires alors qu'il a payé 400 000f au militaire, selon la déposition du CV.

 

L'éleveur à la barre

 

Le prévenu éleveur et cultivateur dispose de plus de 100 têtes de bœuf. Cet homme a été accusé d'abriter dans son champ de présumés djihadistes. L'homme qui se dit totalement étranger aux faits de djihadisme a confié à la CRIET qu'après ces dénonciations calomnieuses le militaire du renseignement est venu le voir pour lui demander la coquette somme d'un million FCFA. Selon sa déposition, ce montant doit servir à l'épargner d'une éventuelle arrestation par l'armée pour de présumés faits de djihadisme. Le jour de cette demande d'argent, le prévenu affirme que le militaire était accompagné du chef village. Ce sont le chef village et le militaire qui lui ont réclamé ce montant, selon sa déposition. Mais, il a déclaré à la Cour n'avoir rien donné au militaire, rapporte l'envoyé spécial de Libre Express.

 

Face à sa déclaration, le ministère public a interrogé cet éleveur peulh sur certaines de ses déclarations à l'enquête préliminaire. Le prévenu avait notamment déclaré avoir remis 400 000 FCFA au militaire. Il a cette fois-ci déclaré à la cour que c'est parce qu'il avait été battu par le militaire qu'il a été obligé d'avouer les faits.

 

Le militaire revient sur ses déclarations

 

Lors de l'audience, le militaire du renseignement a toujours rejeté n'avoir pas pris 400 000 FCFA chez l'éleveur poursuivi au même titre que lui. Après les débats, le militaire a fini par reconnaître qu'il est intervenu dans la libération de certaines personnes arrêtées pour terrorisme et qu'il a été gracieusement remercié par les villageois. Il a notamment reconnu avoir demandé aux militaires de ne pas aller déranger les villages dans lesquels vivent ces habitants.

 

Le dossier a été renvoyé au jeudi 21 mars 2024 pour continuation et pour les réquisitions du ministère public. Les trois prévenus, dont le militaire du renseignement retournent en prison en attendant, rapporte l'envoyé spécial de Libre Express.
 

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Commentaires

SALIFOU Youssoufa

Qu'ils périssent en prison

09-03-24 à 01:02

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