L’ancien président béninois fait remarquer que cette révision est entrepris à deux ans de la fin du mandat de Patrice Talon, alors qu'il n'y a aucune urgence apparente. Il rappelle qu’en 2019, Patrice Talon avait déjà révisé la constitution à sa convenance, ce qui avait entraîné une désorganisation des institutions et une modification du calendrier électoral favorable à son camp. Boni Yayi affirme que depuis lors, la constitution du Bénin est devenue celle du président Talon, «réécrite avec légèreté, avec amateurisme par des mains suspectes».
Boni Yayi soulève plusieurs questions concernant cette proposition de révision. Tout d'abord, il se demande ce qui se passerait si la constitution n'était pas révisée avant les prochaines élections générales de 2026. Selon lui, aucun problème évident n'a été identifié qui nécessiterait une modification constitutionnelle. Il affirme que ni l'opposition ni lui-même n'avaient envisagé une révision pour inverser l'ordre des élections ou modifier l'article 42 de la constitution. Il estime donc qu'il n'y a pas de raison de réviser la constitution à ce stade.
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Selon Boni Yayi, cette révision n'est pas technique, mais plutôt un projet politique visant à atteindre les objectifs personnels du président Talon pour 2026. «Cette révision, c’est le projet personnel du Président Talon. Ce n’est pas celui du peuple béninois ni de l’opposition», a-t-il affirmé.
Par précaution, Boni Yayi préfère qu’il n’y ait pas de révision de la constitution. Selon lui, ne pas le faire c’est «ne prendre aucun risque avec Patrice Talon». À contrario, le faire pourrait ouvrir la porte à de nombreux risques pour le pays, tels que la possibilité d'une troisième candidature de Patrice Talon par une décision de la cour constitutionnelle.
Boni Yayi est formel. Cette révision constitutionnelle n’est ni urgente, ni technique, ni nécessaire mais risquée. Il soutient qu'il est préférable de ne pas prendre le risque d'une révision constitutionnelle avant la fin du mandat du président Talon. Il appelle plutôt à une gouvernance de consensus, de cohésion nationale et de paix, ainsi qu'à la libération des prisonniers politiques et au retour des exilés politiques.
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