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Affaire 2,5 tonnes de cocaïne au Bénin : la CRIET condamne Yves Talon et 9 coaccusés à 15 ans de prison

La CRIET a ouvert le jeudi 13 juillet 2023 le procès du dossier des 2,5 tonnes de cocaïne saisie à PK10 dans la commune de Sèmè-Podji près de deux ans après l'éclatement de l'affaire. Seize (16) coaccusés qui ont juré être blanc comme neige ont comparu devant la Cour. À la fin des débats, dix (10) co-prévenus dont une Néerlando-togolaise présentée comme le cerveau de ce réseau de trafiquants écopent de quinze (15) ans de prison ferme et plusieurs millions d'amendes. Récit d'une journée de procès dans cette affaire qui a tenu les Béninois en haleine.

De la cocaïne emballée dans des emballages. Image d'illustration

De la cocaïne emballée dans des emballages. Image d'illustration

Une affaire de trafic de cocaïne aux ramifications ouest-africaines et internationales. En octobre 2021, les Béninois sont informés d'une affaire de saisie de 2,5 tonnes de cocaïne par la police dans un magasin à PK 10 dans la commune de Sèmè-Podji. C'est Mario Mètonou, le procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) qui en personne annonce la nouvelle. L'information fait grand bruit dans l'opinion publique. 

 

Quatorze personnes sont ensuite placées en détention provisoire après leur présentation devant un juge des libertés et réquisitions du procureur spécial de la CRIET. Bien plus tard, deux personnes dont une Néerlandaise d'origine togolaise et un agent des forces navales béninoises seront placées en détention provisoire. Ils sont alors au total seize personnes arrêtées dans le cadre du dossier. 

 

Pendant ce temps, le dossier est confié à la Commission d'instruction de la CRIET qui mène les enquêtes. À la fin de ses travaux, cette commission a rendu une ordonnance de renvoi en jugement des 16 prévenus. 

 

Une audience spéciale pour vider le dossier

 

Ce jeudi 13 juillet 2023, le procès de l'affaire des 2,575 tonnes de cocaïnes s'ouvre en audience spéciale autour de 09 heures 30 minutes à la CRIET. Une kyrielle d'avocats dont Robert Dossou, Hugo Koukpolou se présente pour plaider la cause des seize prévenus. Le procureur spécial près la CRIET Mario Mètonou est dans ses apparats de ministère public."Trafic international de drogue à haut risque, complicité de trafic de international de drogue à haut risque et blanchiment de capitaux”, tels sont les  trois chefs d'accusation retenus contre les prévenus.

 

À l'ouverture de cette audience spéciale, un avocat de la défense soulève l'exception de nullité. Il évoque la non-notification de l'ordonnance de renvoi et celle de la composition de la Cour à la défense. La réplique du procureur spécial est cinglante. “On ne peut pas nous reprocher d'avoir une justice assez longue et lorsque nous décidons d'accélérer les choses, on nous fait ce procès”, répond-il avant de souligner : “Les personnes poursuivies sont en détention provisoire deux ans et ont besoin d'être fixés sur leur sort”. Il a par ailleurs souligné que l'audience sera renvoyée dans huit mois si la Cour suit l'exception de nullité soulevée par la défense. Après une petite suspension, l'audience reprend et la présidente de céans ordonne la poursuite des débats. 

 

Tous les prévenus plaident non-coupables 

 

Les seize prévenus sont ensuite conviés à la barre. Ils vont plaider tous non-coupables des chefs d'accusation mis à leur charge par le ministère public. Au cours des dépositions à la barre, tous les seize prévenus présentés comme des trafiquants de drogue assurent ne pas se connaitre à part ceux qui ont été interpellés ensemble par la police et celui qui a déjà rencontré une fois la principale accusée en Europe.

 

Le directeur de l'hôtel du lac et ses travailleurs à la barre

 

Dans ce dossier, un Bénino-libanais, le nommé Z.E, directeur de l'hôtel du Lac à Cotonou et deux de ses gardiens ont été poursuivis. C'est en effet ce Bénino-libanais, aujourd'hui âgé de 68 ans, qui est le propriétaire du magasin dans lequel les 2,575 tonnes de cocaïne ont été découvert fin septembre 2021 à PK10. Mais, au moment des faits, il avait déjà loué le magasin pour plusieurs millions FCFA à un individu qui s'est volatiliser dans la nature.

 

À la barre, un prévenu, le nommé M.C., chargé du gardiennage de l'entrepôt depuis trois ans et travaillant pour le compte du directeur de l'hôtel, se dit inoncent. Il a déclaré à la Cour n'avoir jamais eu connaissance de la présence de cette importante quantité de drogue dans cet entrepôt. Le prévenu affirme que sa mission consistait à balayer la Cour du magasin et à informer son patron en cas de réparation. Quand le magasin n'est pas loué, il se charge de garder les clés pour son patron, le directeur de l'hôtel du Lac.

 

Le nommé B.B, un gardien de l'hôtel du Lac ne comprend pas pourquoi il est poursuivi dans un dossier qui n'est pas le sien. L'homme s'est retrouvé brutalement en prison en septembre 2021 lorsque son patron, le directeur de l'hôtel l'a envoyé voir le prévenu M.C qui était devenu injoignable. Une fois arrivée sur le lieu du magasin, il sera appréhendé par la police et embarqué dans le dossier des 2,575 tonnes de cocaïne.

 

Convoqué à la barre, le nommé Z.E, directeur de l'hôtel du Lac à Cotonou est formel. Son magasin, a-t-il confié à la Cour, avait été déjà loué pour 2,4 millions à un certain Kouadio Kipré qui est devenu introuvable. Ce Kouadio Kipré lui aurait confié que ce sont des denrées alimentaires qui seront entreposées dans ce magasin. 

 

Un enregistrement vidéo de la remise de l'argent pour la location existe, a-t-il souligné. Ce Bénino-libanais a déclaré à la Cour qu'une fois l'argent remis, Kouadio Kipré devrait passer avec les documents de son entreprise de denrées alimentaires pour signer le contrat de bail. Ce qui ne sera jamais le cas. “Jamais à un moment, je n'ai pensé que c'était un piège qu'on me tendait”, a-t-il affirmé les larmes aux yeux.

 

Le jour de son arrestation, le directeur de l'hôtel du Lac à Cotonou confie qu'il a été informé dès 09 heures de la présence des agents de la police autour du magasin, mais comme il n'avait rien à se reprocher, il ne s'était pas soucieux. Z.E a déclaré qu'il était dans son bureau à l'hôtel du Lac quand deux policiers sont venus lui enjoindre de les suivre. Le prévenu souligne à la Cour que s'il était impliqué dans cette affaire de trafic de cocaïne, ils auraient déjà pris la fuite dès qu'il a été informé de la présence de la police, rapporte l'envoyé spécial de Libre Express. 

 

02 Néerlandais à la barre

 

Dans le cadre de ce dossier, 02 Néerlandais venus à Cotonou ont été interpelés par la police. Selon l'accusation, ils étaient à bord d'un bus avec d'autres membres du réseau pour rejoindre le lieu où se trouve la cocaïne quand ils ont été appréhendés par la police. Ces deux ressortissants néerlandais sont Elvis Delgado et Arthur Martin, rapporte l'envoyé spécial de Libre Express.

 

Parmi ses deux ressortissants européens, Elvis Delgado est le premier à déposer. Le prévenu se présente comme un ingénieur informatique dans une société de gestion immobilière en Hollande. Il était à sa quatrième visite au Bénin quand il a été interpellé. Devant la Cour, il déclare qu'il est venu faire les affaires de soja après sa rencontre en Belgique avec  Casimir Akpagnonniidé, également arrêté dans le dossier. Mais, le procureur souligne qu'il n'a rencontré personne ni pris de rendez-vous pour ses prétendues affaires de soja au Bénin.

 

Son compagnon, Arthur Martin a déclaré à la Cour qu'il était diplômé en banque et qu'il est aussi au Bénin pour la même cause. Des déclarations que le procureur spécial qualifient de fausses au regard du grand train de vie qu'ils menaient dans un grand hôtel de Cotonou alors qu'ils sont venus faire du business. Selon le procureur, ces deux Néerlandais recevaient beaucoup de visites féminines et ressemblaient plus tôt à des personnes qui étaient en vacances.

 

Un mystérieux achat de 60 tonnes de riz

 

Un conducteur de poids lourd nommé Seidou Gafar a été appréhendé en septembre 2021 dans le cadre du dossier. Ce prévenu avait quitté Lomé et était venu charger une cargaison de riz de 60 tonnes destinée à un mystérieux burkinabé nommé Mustapha Zombré. Selon l'accusation, ce Mustapha Zombré qui a commandé cette importante quantité de riz auprès du prévenu Casimir Akpagnonidé n'existe nulle part.

 

À la barre, ce prévenu a déclaré qu'il était dans son septième mois de travail avec son patron quand il a été interpellé à 05 heures du matin alors qu'il est venu chercher les 60 tonnes de riz à Cotonou. Il a soutenu que c'est la première fois que le transitaire Casimir Akpagnonidé leur charge cette commande. Ces déclarations ont été contredites par le procureur spécial qui souligne qu'il est un homme de confiance de ce réseau de trafic de cocaïne.

 

Un séminariste et un enseignant au cœur du réseau

 

Alors qu'ils étaient en séjour au Bénin, Adjaho Christian qui se présente comme un séminariste et Erlich, un enseignant, tous de nationalité togolaise, ont été arrêtés. Le jour de leur interpellation, ils étaient à bord du bus dans lequel les deux Néerlandais venus au Bénin ont été également arrêtés. À la barre, ils jurent être blancs comme neige et disent être en vacance auprès de leur oncle Casimir à Cotonou.

 

Dans sa déposition, le Togolais Adjaho Christian demande à la cour de le relaxer pour qu'il retourne au séminaire. Le procureur lui rappelle alors que les données extraites de son télépone montrent les photos de drogue emballée et rangée dans des entrepôts que ce dernier a envoyés aux prévenus Sara Mireille Bignan et Casimir Akpagnonnidé. Ce prévenu nie les faits.

 

Le spécialiste du Soja et l'homme des 26 millions

 

Le prévenu Arouna Madjid, présenté comme un spécialiste du soja a été appréhendé à bord du bus qui transportait les autres membres du réseau, selon l'accusation. À la barre, il a déclaré être venu prendre de l'argent chez le prévenu Casimir qui lui doit encore 600 000 f sur une dette de 1,5 million FCFA. “Pourquoi est-il venu chercher sa dette et se retrouve à bord d'un bus qui disposait d'outils chargés de reconditionner de la drogue ?”. Il tente de se justifier sans vraiment y parvenir.

 

Le nommé Z.A. , un autre prévenu interpellé en septembre 2021 devant l'université Houndégbé à PK10 a déposé. C'est celui que l'on peut désormais appeler “l'homme des 26 millions”. Lors des premières arrestations dans le dossier 2,5 tonnes de cocaïne, le prévenu Casimir avait appelé ce commerçant.

 

 En ce moment, l'accusé a déclaré qu'il était dans les courses pour la rentrée scolaire de ses enfants quand Casimir qui était un ami l'a appelé au téléphone pour lui demander d'aller lui récupérer 26 millions FCFA à Cocodji chez l'un de ses petits nommé Franck. Une fois l'argent récupéré, Casimir lui donne rendez-vous devant l'université Houndégbé à PK10 pour lui remettre les sous. Il sera interpellé par la police. 

 

L'homme a reconnu l'existence de ces faits. Mais,il précise à la Cour qu'il connait le prévenu Casimir Akpognonnidé dans le cadre purement professionnel et qui lui avait déjà vendu de véhicules contre des retours sur commissions.

 

Casimir Akpagnonnidé et son épouse

 

Convoqué à la barre, le prevenu Casimir Akpagnonnidé a nié d'emblée les faits mis à  sa  charge. Le prévenu revient sur le jour de son arrestation par la police. Il déclare qu'il a été interpellé un soir vers la fin du mois de septembre 2021 à bord du bus qui transportait en dehors de lui, les deux Néerlandais et trois autres personnes. “Nous avons été arrêtés près de trois minutes après avoir dépassé le carrefour Sobebra. Nous étions en route pour aller visiter un appartement que devrait nous montrer un démarcheur qui nous a également rejoint quand nous avons été interpellés”, a-t-il confié.

 

Pour Casimir Akpagnonnidé, ils voulaient faire louer cet appartement aux prévenus afin qu'ils quittent l'hôtel dans lequel ils vivaient à Cotonou. Interrogé sur le montant de 26 millions FCFA avec lequel il voulait corrompre les agents de police le jour de son arrestation, il a nié les faits. Le prévenu déclare avoir demandé cette somme parce qu'il pensait qu'ils étaient aux mains de bandits. 

 

Son épouse, Monladé Yabo a été au coeur de l'achat des 50 tonnes de riz pour le mystérieux Moustapha Zombré, affirme l'accusation. Selon le procureur, l'achat des 50 tonnes a été faits sur le territoire national et dans des supermarchés. Il s'agit des riz déjà dédouanés au Bénin qui seront encore dédouanés lors de leur exportation vers le Burkina Faso. C'est-à-dire du riz dédouané deux fois. Le procureur souligne que celui qui voulait acheter n'avait pas pour but de faire du profit. L'achat de ce riz est destiné en réalité à dissimuler les 2,5 tonnes de cocaines qui seront exportées vers le Burkina, transportées par le Sahel et convoyées vers le marché européen de la drogue. A la barre, la prevenue a rejeté les faits.

 

Yves Talon, le militaire de la marine et les 80 millions FCFA

 

Depuis l'éclatement de l'affaire en septembre 2021, ce militaire travaillant à la base navale de Cotonou n'avait jamais été inquiété. Mais, les enquêtes en cours dans le dossier ont évolué et ont montré les connexions de ce militaire en charge de l'un des sémaphores de la base avec des prévenus dans le dossier. 

 

Convoqué par le directeur général de la police républicaine, Yves Talon a été mis aux arrêts et confié à l'Office central de répression du trafic illicite des drogues et des précurseurs (OCERTID) en février 2023. Le militaire a été ensuite placé en détention provisoire par le parquet spécial de la CRIET. L'instruction de son dossier devant la Commission d'instruction de la CRIET s'est achévé mi-juillet 2023.

 

A la barre ce jeudi 13 juillet 2023, le prévenu a été interrogé sur un transfert de 80 millions FCFA qu'il a reçu du prevenu Casimir, considéré comme l'un des cerveaux du réseaux au Bénin. Cette somme a été envoyée par Sarah Bignan, la principale accusée. Yves Talon a confié aux juges que la principale accusée Sara Mireille Bignan est sa tante. Cette somme qu'il a reçu serait pour acheter un appartement à Cotonou. Mais finalement l'opération d'achat a été annulée.

 

En 2020, Isaac Bignan, le fils de Sara Bignan a été arrêté à l'aéroport de Cotonou en possession de deux passeports allemand et néerlandais. Devant les juges, Yves Talon confie qu'il était venu au Bénin avec un passeport néerlandais et pour retourner en Europe il avait présenté à l'aéroport de Cotonou un passeport allemand authentique. Ces faits avaient alerté la police des aéroports qui l'a fait interpeller et présenter au procureur de la République.

 

Grâce à l'intervention du militaire Yves Talon et d'un homme haut perché, Isaac Bignan a été libéré et a pris l'avion avec le prévenu Erlich pour quitter le Bénin, selon la déposition de l'accusé. Le prévenu Yves Talon a nié en bloc les faits de complicité de trafic international de drogue et de blanchiment de capitaux.

 

Sara Mireille Bignan, la pièce maitresse

 

Agée d'une soixantaine d'années, Sara Mireille Bignan est la pièce maitresse de l'affaire des 2,575 tonnes de cocaine. Selon le procureur, toutes les données numériques extraites du téléphone des autres prévenus dans le dossier mènent vers elle.

 

Au cours de sa déposition, la Néerlando-togolaise Sara Bignan a rejeté tous les faits. Devant la Cour, elle se dit blanche comme neige et a même les larmes aux yeux. “Si je suis ici, c'est du gros n'importe quoi. Je suis dans un pays oû je ne connais personne.”, a-t-elle affirmé d'entrée de jeu. Elle a déclaré n'avoir jamais envoyé 80 millions FCFA à Yves Talon qui serait son neveu. Dans ce dossier, elle affirme ne connaitre que le prévenu Casimir Akpagnonnidé qu'elle aurait rencontré lors d'une activité de la diaspora en Belgique. Sarah Mireille Bignan est également revenu sur les conditions de son arrestation au Ghana sur un mandat d'arrêt émis par le Bénin et son extradition. Elle a précisé que si elle avait, c'est à cause de son fils Isaac Bignan.

 

Isaac Bignan, le “Mamba noir” arrêté en Turquie

 

Le nommé Isaac Bignan qui est le fils de  Sara Bignan est en réalité un trafiquant de drogue placé dans la liste des notices rouges d'Interpol. Fin juin 2023, Isaac Bignan, connu sous le nom de "Black Mamba", une figure éminente de l'organisation criminelle dirigée par le baron de la drogue néerlandais Joseph Johannes Leijdekkers.Isaac Bignan, qui faisait l'objet d'une notice rouge d'Interpol, a été surpris en train de tenter de fuir la province de Muğla, dans le nord-ouest du pays, rapporte la presse turque.

 

L'opération, menée par la police d'Istanbul le 13 juin2023 , visait des individus impliqués dans des activités de blanchiment d'argent liées aux Leijdekkers. Au cours de l'enquête, il a été découvert que Bignan s'était réfugié en Turquie et avait commencé à faire des plans pour s'échapper à la suite de l'opération précédente contre le cartel, rapporte la presse turque.

 

Lourde réquisition du procureur de la CRIET

 

Un peu après 19 heures ce jeudi 13 juillet 2023, le procureur spécial de la CRIET fait sa réquisition. Le magistrat s'engage dans un premier temps dans le rappel des faits liés à la saisine de 2,575 tonnes de cocaine à Ekpè PK10 en septembre 2021. Le procureur évoque ensuite un rapport de la sûreté maritime et d'Interpol sur le dossier. Ce rapport retrace en effet le circuit du navire Ocean Blues contenant les 2,575 tonnes de cocaïne. Cette marchandise a quitté le Suriname, pays d'Amérique du Sud entre le 17 et septembre 2021 pour le Ghana. 

 

Une fois ce navire contenant la marchandise illicite dans les eaux territoriales du Bénin, de petits bateaux ont acosté le navire pour décharger la cargaison en haute mer. Selon le procureur, le prévenu militaire Yves Talon qui travaillait au niveau du sémaphore de Cotonou aurait donné des informations aux trafiquants sur les bateaux béninois en patrouille. Cela, dans le but de faciliter le déchargement de la cargaison en haute mer, selon le rapport cité par le procureur.

 

Le ministère public évoque alors la connexion qui existe entre plusieurs prévenus dans le dossier. Le procureur souligne ensuite que le prévenu Casimir, les deux Néerlandais et trois autres personnes ont été arrêtés à Cotonou à bord des bus qui contenaient les outils qui devraient servir au réconditionnement de la drogue et qu'ils se rendaient tous vers le magasin oû se trouve la drogue quand ils ont été interpellés.

 

Les cinquante (50) tonnes de riz achétés et destinées à un certain Mustapha Zombré ne sont juste qu'une couverture. “C'est Monladé Yabo qui a acheté le riz et elle savait pour quoi le riz était achété”, selon le ministère public. Le procureur signale que les photos retrouvées dans le téléphone de Casimir Akpagnonnidé montrent que tous les prévenus se connaissent et appartiennent à un réseau.

 

Selon le procureur, les photos retrouvées et les discussions extraites du téléphone du togolais séminariste Christian Adjaho montre également qu'il informait  régulièrement Sara Bignan des activités liées au trafic de drogue.

 

Quant à Yves Talon et Sara Bignan, les liens de connexions sont prouvées, indique le procureur spécial. “Toutes les preuves extraites des téléphones renvoient vers Sara Bignan”, souligne-t-il

 

Le procureur a requis la relaxe au bénéfice du doute de trois accusés. Il s'agit du directeur du bénino-libannais directeur de l'hôtel du Lac à Cotonou, du nommé Z.A. l'homme des 26 millions et de Rodrigue Monladé, petit-frère de la femme de Casimir Akpagnonnidé. 

 

Pour trois accusés, le procureur spécial près la CRIET, Mario Mètonou demande également la relaxe pure et simple des fins de la poursuite de trafic international de drogue à haut et blanchiment de capitaux. Les deux gardiens du directeur de l'hôtel du Lac et le chauffeur de Casimir Akpagnonnidé.

 

Quant aux (10) aux autres prévenus, le procureur spécial fait une lourde réquisition. Il a par ailleurs demandé à la Cour de retenir neuf (9) prévenus dans les liens de l'infraction de trafic international de drogue à haut risque et de blanchiment de capitaux. Quant à Yves Talon, le dizième accusé, le ministère public a demandé à la Cour de le retenir dans liens des infractions de complicité de trafic international de drogue à haut risque et de blanchiment de capitaux.

 

 Il a ensuite requis 15 ans de prison ferme et 10 millions d'amendes contre la principale accusée Sarah Bignan, le séminariste Christian Adjaho, l'enseignant Erlich, les deux Néerlandais Elvis Delgado et Arthur Martin, le militaire Yves Talon, Casimir Akpagnonnidé et son épouse Monladé Yabo, le chauffeur Seidou Gafar et le spécialiste du soja Moudjid Arouna. Il a par ailleurs demandé à la Cour d'ordonner dans son verdict la confiscation de tous leurs biens matériels et immobiliers.

 

Sarah Bignan tente de se suicider et plaidoirie des avocats

 

Quelques minutes après la réquisition du procureur spécial, la principale accusée Sara Bignan tente de suicider en buvant des médicaments. Elle est vite stoppée dans sa démarche par les gardes-pénitenciers présents dans la salle d'audience. Ils lui font vomir tout le médicament qu'elle a ingurgité pour se donner la mort. L'audience reprend ensuite.

 

Les plaidoiries peuvent donc commencer. L'avocate Nadine Dossou Sakponou a la parole. C'est elle qui plaide en premier. Elle est le conseil du directeur de l'hôtel du Lac dans ce dossier. “C'est une honte pour lui si on le relaxe au bénéfice du doute. C'est une question de réputation pour lui dans sa communauté”, a-t-elle plaidé.  L'avocate plaide pour la relaxe pure et simple de son client. A la suite, son père Me Robert Dossou a demandé l'effacement du doute dans ce dossier. Il a demandé à la Cour de ne pas suivre la réquisition du ministère public qui demande la relaxe au bénéfice du doute.

 

Avocat de la défense, Me Hugo Koukpolou rappelle à la Cour un arrêt de la Cour de cassation française du 11 juillet 2007 qui soulève l'exception de nullité pour vice de forme dans une procédure judiciaire similaire. Il a souligné que dans le cadre de la procédure, la police qui avait déjà les informations que les prévenus allaient dans le magasin de la drogue ne les a pas laissés pour les prendre la main dans le sac. Il demande à la Cour de faire les mêmes constats dans cette procédure judiciaire. Il a plaidé la relaxe pure et simple de tous les prévenus dont Sara Bigan.

 

Verdict de la Cour 

 

Dans son verdict, la Cour de céans a suivi entièrement la réquisition du procureur spécial de la CRIET. Elle a ordonné la relaxe au bénéfice du doute de trois accusés. Il s'agit du bénino-libannais directeur de l'hôtel du Lac à Cotonou, du nommé Z.A. l'homme des 26 millions et de Rodrigue Monladé, petit-frère de la femme de Casimir Akpagnonnidé.

 

La Cour a relaxé purement et simplement  trois accusés des fins de la poursuite de trafic international de drogue à haut et blanchiment de capitaux. Ce sont les deux gardiens du directeur de l'hôtel du Lac et le chauffeur de Casimir Akpagnonnidé.

 

Quant aux (10) aux autres prévenus, la Cour a retenu neuf (9) prévenus dans les liens de l'infraction de trafic international de drogue à haut risque et de blanchiment de capitaux. Quant à Yves Talon, le dizième accusé, la Cour l'a retenu dans liens des infractions de complicité de trafic international de drogue à haut risque et de blanchiment de capitaux. Ces dix prévenus écopent de15 ans de prison ferme et 10 millions d'amendes. La Cour a rejetté l'exception de nullité soulévé par les avocats de la défense  et a ordonné dans son verdict la confiscation de tous leurs biens matériels et immobiliers.

 

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Commentaires

Samuel

Merci à Libre Express pour cet article de qualité. Grâce à vous, nous sommes informés. Vous êtes l'avenir de la presse au Bénin.

15-07-23 à 10:06

René djigbodjafe

Je valide

14-07-23 à 06:43

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