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FINAB 2025 : le ballet Djoliba offre « la Mère » à Cotonou

Le célèbre ballet national de Guinée Djoliba s'est produit ce samedi 22 février 2025 au Palais des Congrès dans le cadre du festival international des arts du Bénin FinAB, marquant ainsi sa deuxième prestation après celle de l’ouverture officielle du FinAB.

Le ballet Djoliba offre « la Mère » à Cotonou au Finab 2025

Le ballet Djoliba offre « la Mère » à Cotonou au Finab 2025

Il est 22h12. L'air est chargé d'une légère humidité. Le ciel, obscurci par des nuages lourds, annonce une possible averse. Pourtant, cette météo incertaine ne décourage ni le public ni les artistes. Le FINAB tient bon, imperturbable. À droite du plateau, les percussionnistes lancent la performance avec des roulements de tambours, tam-tams, djembés et balafons. Derrière eux, le drapeau guinéen flotte fièrement, accroché à deux supports, impossible à manquer. 

 

Au centre de l’espace scénique, recouvert d’un tapis de gazon, une femme s’installe sur un tabouret, une calebasse en main. Elle se purifie dans un geste rituel. Un jeune homme la rejoint et s’agenouille à ses pieds. Elle verse sur lui un liquide imaginaire contenu dans la calebasse et lui murmure des bénédictions. Il acquiesce, reçoit ces prières précieuses. Puis, elle l’aide à enfiler ses habits et lui remet une lance. 

 

Après un dernier regard empreint d’émotion, il rejoint ses compagnons d’armes, tous en tenue de guerriers, avant de disparaître dans l’obscurité des coulisses. Huit femmes font alors leur entrée et encerclent la mère. Les percussions s’intensifient, les corps se meuvent au rythme du djembé. À quelques mètres du plateau, le public, tantôt assis, tantôt debout, observe la scène avec ferveur. Certains, captivés, immortalisent l’instant sur leurs téléphones. 

 

L’atmosphère intimiste de la représentation évoque un village ancestral où, sous un arbre à palabres, un ancien transmet une légende. Ce soir-là, point de feu de bois, ni de sage à la barbe blanche, mais une narration scénique poignante : celle d’un fils qui sollicite la bénédiction de sa mère avant d’accomplir son devoir de soldat. 

 

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La chorégraphie dramatique monte en intensité. Le public applaudit, se laisse emporter. Les hommes rejoignent les femmes dans la danse. Les corps virevoltent, les acrobaties s’enchaînent, capturant l’attention du public. Les costumes, variés et chatoyants, amplifient la magie du spectacle, offrant une scénographie immersive.

 

Puis, soudain, le rythme ralentit. Les tambours s’apaisent, la mélodie se fait grave. Les guerriers réapparaissent, tenant les effets de leur compagnon disparu. Le fils de la mère ne reviendra plus. La bataille l’a emporté. Ses camarades annoncent la terrible nouvelle à sa mère. Dévastée, elle s’effondre. Son cri fend le ciel du FINAB. 

 

Peu à peu, les autres femmes viennent la réconforter. Un récit bouleversant, sublimé par une mise en scène à la fois vigoureuse et harmonieuse.

 

Ce tableau, intitulé « La Mère », est une ode à l’amour maternel et au sacrifice, porté par une interprétation poignante et une gestuelle expressive. Il est 22h38 lorsque les danseurs quittent le plateau sous une ovation nourrie. 

 

Trente minutes d’une intensité rare, porteurs de messages puissants. Dans un contexte marqué par la montée des conflits et du terrorisme en Afrique, cette performance résonne comme un avertissement, un cri. Quelle douleur pour les familles de ceux qui tombent au combat ? Comment les soutenir dans l’épreuve ? L’unité est-elle la clé pour affronter cet ennemi sans visage ? Ce spectacle est aussi un hommage vibrant aux mères qui, le cœur suspendu, attendent le retour de leurs fils. 

 

Chaque départ est un pari entre l’espoir et la crainte. Le retour peut être un soulagement ou une sentence irrévocable. Présenter un tel tableau à Cotonou est hautement symbolique. Car ici, une femme veille. Perchée sur son piédestal, elle domine la ville, tenant fermement un fusil d’une main et un sabre de l’autre. 

 

Son regard, figé dans le bronze, incarne la force et la résilience des Amazones du Dahomey, ces guerrières intrépides qui ont marqué l’histoire. Peut-être, du haut de son promontoire, a-t-elle observé cette scène avec émotion.

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