Géraldine Faladé, gardienne de l'héritage féministe africain, s'est éteinte. Elle est née en 1935 à Porto-Novo, dans l'ancien Dahomey (aujourd'hui Bénin). Géraldine Faladé était issue d'une famille intellectuelle et engagée. Son père, Maximilien Faladé, était un fonctionnaire critique de la colonisation et co-fondateur du journal La Voix du Dahomey. Sa sœur Solange, l'une des premières psychanalystes africaines, a également dirigé la FEANF, la Fédération des étudiants d'Afrique noire en France. Ce militantisme et cette curiosité intellectuelle ont profondément marqué la jeune Géraldine.
Après des études au Centre de formation des journalistes (CFJ) à Paris, Géraldine Faladé rejoint les rangs de la Sorafom (Société de radiodiffusion de la France d'Outre-Mer), ancêtre de RFI. Elle a notamment couvert les manifestations consécutives à la mort de Patrice Lumumba en 1961 et le massacre des Algériens à Paris en octobre de la même année. « Elle faisait partie de ces jeunes Africaines qui se battaient pour l'émancipation de la femme », se souvient son mari, le médecin vétérinaire tchadien Mahamat Paul Touadé.
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Installée au Tchad avec son époux, Géraldine Faladé a poursuivi son engagement, travaillant notamment au ministère de l'Information. Malgré la guerre civile de 1979, elle est restée une militante déterminée, bien que discrète. « Elle se révoltait contre l'injustice, se souvient son fils. La première fois qu'elle m'a parlé de l'Afrique du Sud, j'avais six ans ! »
Gardienne inquiète de l'héritage féministe africain
Ces dernières années, Géraldine Faladé s'était faite la gardienne de cet héritage, soucieuse de le transmettre aux jeunes générations. En 2020, elle avait ainsi publié chez Présence Africaine un ouvrage intitulé Turbulentes !, consacré au rôle de femmes africaines pionnières.
« Je regarde la jeunesse qui bouge... et je pense qu'il faut que ces jeunes sachent ce qui s'est passé, expliquait-elle. Il faut qu'elles sachent d'où ça vient, comment les portes se sont ouvertes. C'est une façon de remercier aussi ces femmes, nos aînées, qui ont osé et qui ont été oubliées », raconte-t-elle
Géraldine Faladé s'est éteinte le 16 février 2025 en France, à l'âge de 90 ans. Pionnière du journalisme et du féminisme africains, elle a laissé derrière elle un héritage inestimable, qu'elle s'était efforcée de léguer aux nouvelles générations jusqu'à son dernier souffle.
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