Le 1ᵉʳ novembre, jour de la fête de création de l'armée guinéenne, le président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya, a signé un décret pour se nommer lui-même au grade de général d'armée, le plus haut grade de la hiérarchie militaire. Il a également promu plusieurs autres officiers au rang de général.
Cette promotion intervient alors que Doumbouya avait déjà été élevé, en janvier dernier, au grade exceptionnel de général de corps d'armée, sans passer par les étapes intermédiaires de général de brigade et général de division. Les nouvelles nominations ont donc propulsé le président de la transition directement au sommet de la pyramide militaire.
Outre sa propre promotion, Mamadi Doumbouya a également été décoré de la médaille de la Croix de guerre et a été élevé à la dignité de Grand-croix dans l'ordre national du colatier, la plus haute distinction du pays, pour « ses efforts constants en faveur de la cohésion sociale et de la coopération entre les peuples ».
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Ces décisions interviennent dans un contexte politique particulièrement tendu en Guinée. Depuis son coup d'État en 2021, la junte s'était engagée sous la pression internationale à céder la place d'ici à fin 2024 à des civils élus. Mais elle a fait savoir depuis qu'elle ne tiendrait pas cet engagement. Plusieurs de ses représentants se sont même récemment dits favorables à une candidature de Mamadi Doumbouya à la prochaine élection présidentielle.
L'ex-président Alpha Condé, qui se considère toujours comme le chef légitime de la Guinée, a réagi vivement à ces promotions. Dans un message sur les réseaux sociaux, il a exhorté « toutes les forces de défense et sécurité à un sursaut patriotique pour sauver la démocratie ». Selon lui, « une armée au service de la nation ne doit aucunement se rendre complice ou coupable d'une politique aujourd'hui désastreuse pour notre peuple, en matière de droits de l'homme et de libertés publiques ».
Cette décision du président de la transition guinéenne de se hisser au plus haut grade militaire soulève de nombreuses interrogations et critiques, à l'intérieur comme à l'extérieur du pays. Elle est perçue par beaucoup comme un renforcement du pouvoir de la junte et un éloignement des engagements de transition vers un retour à l'ordre constitutionnel.
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