Fatigué des menaces de mort et sentant sa vie en danger, le CSAD de la mairie de Porto-Novo, Josué Ogoubiyi a préféré jeter l'éponge. Selon une correspondance adressée à la Secrétaire exécutive de la ville et consultée par Libre Express, le désormais ex-chef du service des affaires domaniales de la mairie de Porto-Novo a démissionné de son poste. Contacté par Libre Express, Josué Ogoubiyi a confirmé la nouvelle de sa démission. L’homme a même quitté le Bénin pour protéger sa vie.
Dans sa lettre datée du lundi 12 août 2024, Josué Ogoubiyi exprime sa profonde inquiétude face aux menaces de kidnapping et de mort, provenant de présumés faussaires fonciers, qui pèsent sur lui et sa famille. Depuis qu'il a entrepris de démanteler les réseaux de mafias foncières à Porto-Novo, il fait face à des représailles directes. « Depuis plusieurs mois maintenant, notre sécurité se trouve gravement compromise en raison de ma détermination à remplir avec intégrité, dignité et honneur, les obligations professionnelles liées notamment à mes fonctions de chef du service des affaires domaniales » , confie-t-il dans sa correspondance.
Selon Josué Ogoubiyi, sa lutte qu'il mène contre ces réseaux mafieux, en collaboration avec la police républicaine, vise à protéger les populations spoliées de leurs terres et à restaurer la confiance des citoyens envers la municipalité. Mais, cette mission lui a valu des menaces de mort et des tentatives d'intimidation, qui ont pris « une tournure inquiétante avec des actes occultes perpétrés près de son domicile».
Face à cette situation alarmante, Josué Ogoubiyi déplore le manque et l’absence de soutien de la part des autorités municipales. Malgré les recommandations de la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET), qui a constaté la gravité de sa situation, Josué Ogoubiyi écrit qu’aucune mesure concrète n’a été prise pour assurer sa protection.
« Ainsi, au regard de la gravité des risques que je cours, constatée également par la Cour de Repression des Infractions Economiques et du Terrorisme (CRIET) lors d'une audience devant elle où je représentais les intérêts de la ville, il avait été recommandé aux autorités municipales, de prendre des dispositions idoines aux fins de m'assurer une sécurité appropriée. Suite à mon insistance, une correspondance de l'autorité municipale restée sans suites, avait finalement été adressée au Ministre de l'intérieur à cet effet. Madame la secrétaire exécutive, point n'est besoin de vous rappeler que la mission que je mène, est conduite dans une démarche d'intérêt général. En conséquence, elle devrait être accompagnée aussi bien d'une protection que d'un soutien institutionnels indéfectibles. Or, force est de constater souvent, qu'en raison de l'épineux sujet que constitue la question foncière au Bénin en général et à Porto-Novo en particulier, presque aucune autorité ne veut se tremper dans ce domaine, me laissant ainsi seul au front avec les représailles à mon encontre de la part des faussaires. », souligne-t-il.
Il apprend dans sa correspondance que cette absence de protection l’a laissé seul, exposé aux menaces des faussaires fonciers, ce qui a conduit à un sentiment d’être « sacrifié sur l'autel des ambitions politiques ».
Pire encore, Josué Ogoubiyi écrit que certaines autorités municipales de Porto-Novo l’auraient accusé d’être à l’origine de la chasse aux sorcières dans le secteur foncier, ce qui a exacerbé son isolement.
Outre les menaces, les conditions de travail de Josué Ogoubiyi se sont considérablement détériorées au fil des années. En tant que Chef de service, il a souvent représenté la commune dans diverses instances sans bénéficier du moindre soutien de la part de sa hiérarchie. « J'ai toujours exécuté ces missions au prix de sacrifices personnels importants », écrit-il.
Il mentionne également que malgré ses nombreuses années de service, il lui a été difficile d’obtenir des congés pour se reposer et se régénérer. Cet épuisement physique et mental a grandement contribué à sa décision de démissionner.
Josué Ogoubiyi dénonce également l'absence de soutien de sa supérieure hiérarchique directe, qui refuse systématiquement de prendre en charge les dossiers sensibles émanant des juridictions ou des commissariats. Il se retrouve ainsi seul face à des affaires judiciaires complexes, ce qui met encore plus en danger sa sécurité personnelle.
Face à ces multiples pressions et menaces, Josué Ogoubiyi décide de quitter son poste après 13 années de loyaux services. « Je ne me sens plus en capacité de continuer à exercer mes fonctions dans un environnement aussi hostile », a-t-il précisé.
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