Considéré comme l'un des piliers de la propagation du sentiment anti-français en Afrique, Kemi Seba se verra bientôt déchu de sa nationalité française. Dans un courrier daté du 8 février 2024, la Direction générale des étrangers en France a saisi l'activiste panafricaniste de sa volonté de lui retirer la nationalité française en vertu de l'article 23 alinéa 7 du Code civil français. Le motif ? La France reproche à l'activiste panafricaniste son rôle dans la propagation du sentiment anti-français en Afrique.
« Par un courriel du 30 août 2023, les services de sécurité ont appelé mon attention sur votre situation. Des éléments portés à ma connaissance, il ressort ainsi qu'installé depuis 2017 au Bénin, après avoir vécu au Sénégal, vous vous livrez, depuis plusieurs années, à divers agissements destinés à attiser, dans les pays d'Afrique de l'Ouest, un sentiment anti-français. Depuis le Bénin, vous êtes ainsi particulièrement actif sur les réseaux sociaux et sur les sites de partage en ligne de diffuser où, sous couvert des prises de positions hostiles à la politique étrangère du pays, vous diffusez des messages virulents voire outranciers contre la France, ses représentants et ses forces militaires, incitant à la rébellion contre les autorités locales jugées proches des autorités françaises et portant régulièrement des accusations graves contre ces dernières », reproche-t-on à Kemi Seba.
La Direction générale des étrangers en France reproche également à Kemi Seba d'organiser et de participer à des manifestations et conférences dans divers pays dont le Bénin, la Guinée, le Mali, le Niger et même en France. «Votre comportement et vos propos révélant une posture constante et actuelle résolument anti-Française, Susceptible de porter gravement atteinte aux intérêts français et de nature à caractériser une déloyauté manifeste à l'égard du pays dont vous avez la nationalité, j'ai à cet effet décidé d'engager à votre endroit une procédure de perte de la nationalité française au sens de l'article 23-7 du code civil », précise la correspondance diffusée par Kemi Seba sur sa page Facebook.
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L'article 23-7 du code civil français dispose en effet que : « Le Français qui se comporte en fait comme le national d'un
pays étranger peut, s'il a la nationalité de ce pays, être déclaré, par décret après avis conforme du Conseil d'Etat, avoir perdu la qualité de Français ». Selon la correspondance, l'ensemble des conditions propres à initier la procédure de perte de la nationalité française sont réunies dans le cas de Kemi Seba. C'est pourquoi le Gouvernement français a décidé d'engager à l'endroit de Kemi Seba cette mesure sur fondement des articles 23-7 du code civil et 59 du décret n°93-1362 du 30 décembre 1993 relatif aux déclarations de nationalité, aux décisions de naturalisation, de réintégration, de perte, de déchéance et de retrait de la nationalité française.
La France donne un délai d'un mois à Kemi Seba pour faire parvenir sa décision de lui retirer la nationalité française. « À l'issue de ce délai, le Conseil d'État pourra être saisi par mes services afin d'émettre un avis sur la proposition de perte de votre nationalité française, cette mesure de perte ne pouvant être prononcée que sur avis conforme du Conseil d'État », indique la correspondance.
Kemi Seba clashe le gouvernement français
Dans une publication intitulée : « Macron veut me retirer la nationalité française», Kemi Seba a réagi ce jeudi 29 février 2024 sur sa page Facebook. « Le gouvernement français, dépassé par le succès de notre combat anticolonialiste auprès des masses africaines et diasporiques craque , et dans un réflexe negrophobe désespéré dont il a le secret , veut en réaction, me retirer la nationalité française. (et ainsi m’interdire de circuler auprès de la diaspora en Europe et surtout aux Antilles) . Comme si avec internet, on avait besoin de se déplacer pour toucher le cœur des gens… Vous ne comprenez donc toujours pas que plus vous me persécutez, plus mon message politique gagne en popularité. Cher gouvernement français, Votre réaction profondément néocoloniale constitue pour nous une Immense décoration de guerre, preuve s’il en fallait , de l’efficience de notre travail de déconstruction de la Françafrique », a-t-il critiqué.
Pour Kemi Seba, les panafricanistes ne vont jamais rien mendier auprès de la France. « Je ne suis pas de ceux qui pleurent lorsqu’ils sont expulsés ou discriminés . AFRICAIN ET FIER DE L'ÊTRE JUSQU’À MON DERNIER SOUFFLE. Mais on va se servir de cette affaire pour illustrer la nature négrophobe systémique de votre politique. J’ai toujours précisé que notre combat était et demeure contre l’oligarchie française et non le prolétariat français qui souffre lui aussi », a-t-il dénoncé.
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