Publicité

Bénin : les législatives de 2023 représentent “une sorte de référendum vis-à-vis de l'action de Patrice Talon”, Expédit Ologou

Le politologue béninois, Expédit Ologou a opiné ce vendredi 06 janvier 2023 sur les législatives du dimanche 08 janvier 2023. Ces élections législatives apparaissent comme un référendum vis-à-vis de la gouvernance du président Patrice Talon, élu à la tête du Bénin depuis 2016, selon Ologou.

Le président Patrice Talon. © Présidence du Bénin

Le président Patrice Talon. © Présidence du Bénin

Les législatives du dimanche 08 janvier 2023 sont un référendum pour le régime du président Patrice Talon. C’est ce que pense le président du Think tank Civic Academy for Africa's Future (CiAAF), Expédit Ologou, invité Afrique de RFI de ce vendredi 06 janvier 2023.

 

Voici l’intégralité de son interview


Est-ce que ces deux semaines ont permis de renouer avec la tradition des campagnes électorales au Bénin, festive, animée, l'occasion de joutes oratoires ?

 

Oui, on a vu des acteurs politiques, y compris des plus importants, tenir des meetings dans des conditions tout à fait conviviales et même responsables. Je dirai même amical. L'ancien président de la République, Boni Yayi, a fait de façon longitudinale le tour du pays du Sud jusqu'au nord, mobilisant une foule impressionnante.

 

Les responsables des partis de la majorité ont fait de même et il y avait foule à leurs différentes manifestations, notamment à l'intérieur du pays. Il y a eu sur la plupart des médias du pays des échanges courtois sur des questions de fond, même si on peut regretter parfois un manque de profondeur dans certaines des prises de position et des analyses. Mais, c'est déjà ça. Les réflexes démocratiques au Bénin sont en train de refaire surface. Il reste à espérer que pendant le jour du vote et après même le jour du vote, que ces réflexes soient maintenus.

 

Quels sont les thèmes qui ont été les thèmes majeurs de cette campagne ?

 

La question de la vie chère, du coût de la vie a été une question transversale de la campagne électorale. Même lorsqu'elle n'était pas abordée ouvertement dans les prises de position des acteurs politiques, elle a fait l'objet de discussions entre citoyens, entre acteurs de bas niveau. 

 

Expédit Ologou, politologue béninois

 

Et peut-être, est-ce pour cela aussi que le gouvernement a pris, quelques jours avant le démarrage de la campagne, des décisions allant dans le sens du soulagement de la cherté de la vie et aussi des décisions sur le traitement salarial des fonctionnaires de l'État.

 

Est-ce que la question de la libération des opposants, Joël Aïvo et Reckya Madougou a été un des thèmes importants de cette campagne ?

 

Pas tant que ça. C'est une question qui fait partie des questions transversales, des questions qui ne peuvent pas ne pas être abordées. Elles l'ont été. On a entendu des acteurs de la majorité indiqués qu'il y a déjà des pistes législatives, politiques qui pourraient permettre la libération de ces acteurs.

 

Et du côté de l'opposition, on entend dire qu'une victoire importante, assez législative, peut-être un moyen de négociations, voire de pression aux fins de la libération de ces deux personnalités. Certains observateurs disent qu'on a eu une campagne aux allures de campagne présidentielle tant le bilan de Patrice Talon a été au cœur des débats.

 

 

Est-ce que vous diriez oui qu'on a eu, lors de cette campagne, un effet de rattrapage après de longues années de tensions politiques ?

 

Oui, il y a eu comme un rattrapage parce que depuis 2019, il n'y a plus eu une élection qui a vraiment fait croiser les fers. En 2021, l'élection présidentielle n'a pas donné lieu à une campagne électorale effervescente du point de vue des idées. 

 

Ces élections législatives qui donnent place à l'un des partis les plus importants de l'opposition ; ont permis aux différents acteurs, notamment de l'opposition, de faire effectivement ce rattrapage, de remettre au goût du jour des questions qui n'ont pas été abordées jusque-là. Cette campagne des législatives apparaît un peu comme une sorte de référendum vis-à-vis de l'action de Patrice Talon.

 

L'un des enjeux de cette campagne, Expédit Ologou, c'était de permettre une meilleure représentation des femmes et de leurs préoccupations dans la politique béninoise. Est-ce que ce pari a été tenu selon vous ?

 

Oui, quand on regarde les dispositions légales, il y aura au moins 24 femmes qui seront au Parlement à l'issue des élections du 8 janvier prochain. Il reste que dans la campagne, on n'a pas vu une mise en avant particulière des femmes comme étant les nouvelles figures du Parlement à venir. Et donc, le combat restera à mener sur le terrain pour les femmes, pour obtenir un peu plus que ce que la loi leur donne d'office.

 

Est-ce qu'on peut s'attendre à des surprises à l'issue du scrutin de dimanche ?

 

Pas tant que ça. Probablement qu'il y aura plus de diversité. Il me semble qu'au regard de ce que la campagne électorale a donné que le Parlement à venir n'aura pas que deux partis siamois de la majorité présidentielle et que probablement l'opposition ferait son entrée dans ce Parlement.

 

En tout cas, ce serait le souhait de tous les acteurs sociopolitiques pour une repacification du pays pour une nouvelle vibration de la démocratie dans le pays. Il y va de l'intérêt de tout le monde, y compris des acteurs de la majorité comme de l'opposition, de la société civile comme du citoyen tout court et de la nation tout entière.

 

Réalisation : RFI

 

Transcription : Libre Express

Dans la même catégorie
Le président du Nigeria Bola Tinubu

Niger : « une intervention militaire de la CEDEAO pourrait devenir un fardeau qui serait abandonné au Nigéria »

Dans une tribune publiée le jeudi 03 août 2023, l'ex-diplomate et ex-professeur Akinjide Osuntokun estime...

Yves Vidjogni : l'Expert-comptable franco-béninois qui redéfinit l'entrepreneuriat avec Prestanciel

Yves Vidjogni : l'Expert-comptable franco-béninois qui redéfinit l'entrepreneuriat avec Prestanciel

Avec son cabinet d'expertise comptable Prestanciel, Yves Vidjogni, jeune entrepreneur franco-béninois...

Le président Patrice Talon et son homologue rwandais Paul Kagamé lors d'une visite d'Etat au Bénin. © Présidence du Bénin

Paul Kagamé au Bénin : les enjeux sécuritaires d'une visite d’Etat du président rwandais à Patrice Talon

La visite d’Etat du président rwandais Paul Kagamé au Bénin depuis le samedi 15 avril 2023 a suscité...

Publicité

Commentaires

Aucun commentaire sur cet article

Laisser un commentaire