Le président de la faitière des organisations des personnes handicapées analyse les promesses du président Patrice Talon aux personnes handicapées. Nassirou Domingo est Socio-anthropologue de formation et président de la fédération des Associations de Personnes Handicapées du Bénin (FAPHB). Cet ancien président de la fédération Handisport du Bénin a confié à Libre Express ses griefs par rapport à l’émission réalisée par Patrice Talon avec des personnes handicapées samedi 31 décembre 2022.
Voici l’intégralité de son interview à Libre Express
Comment analysez-vous l'émission réalisée par le Chef de l'État avec les personnes handicapées à la veille du nouvel an 2023 ?
Je voudrais tout d'abord remercier sincèrement le chef de l'État et son gouvernement pour l’émission sur l'inclusion des personnes handicapées au Bénin. Comme il l'a annoncé, d'ici là certaines personnes handicapées seront totalement incluses. Cela va se traduire par la prise des décrets d'application de la loi 2017 -06 du 29 septembre 2017 portant protection et Promotion des droits des Personnes handicapées en République du Bénin.
Avant de faire mon analyse sur l'émission du chef de l'État, je voudrais bien faire une mise au point sur les personnes en situation de handicap, personne handicapée. Une personne en situation du handicap, c'est une personne dont le handicap est réversible ou éphémère. La personne handicapée est une personne dont le handicap est durable définitif en se référant à la Convention relative aux Droits des Personnes Handicapées(CDPH) et la loi portant protection et promotion des droits des personnes handicapées en République du Bénin. Nulle part, il n'a été utilisé l’expression : ‘’ porteuse de handicap, ni personnes handicapées, ni personne vivant avec le handicap,’’ comme le ministère des Affaires Sociales l’utilise, c'est dommage.
Mon analyse va sur deux points. Premier point, le chef de l’État ne veut que souhaiter une bonne et heureuse année à toutes les personnes handicapées par ce canal, en leur donnant de l’espoir pour la première fois, enfin, nous existons pour la nation. Ce faisant, il a créé de division au sein des personnes handicapées. Car, les questions abordées sont individuelles et n'ont pas pris en compte le grand groupe. Les personnes invitées représentent que ceux qui les ont choisis, et non les personnes handicapées du Bénin.
Deuxième point. Nous sommes en période électorale, le chef de l’État veut certainement charmer les personnes handicapées et leurs parents par l’annonce d’espoir afin qu’elles s’adonnent aussi à la politique. Aujourd’hui, nous avons des personnes handicapées qui sont positionnées sur la liste électorale, c'est déjà important.
Votre appréciation au sujet des différentes promesses faites par le Chef de l'État pour l'épanouissement des personnes handicapées au Bénin ?
J’apprécie bien les promesses, mais nous voulons du concret et non d’éternelles promesses, il y a six ans qu’il a pris le pouvoir et ce n’est que maintenant qu’il pense à nous les personnes handicapées. Ce qui est bien, il a fait une promesse à la face du monde et nous aviserons la parole donnée du Président de la République.
Avez-vous des préoccupations particulières à exprimer après les différentes annonces du Chef de l'État ?
J’ai plusieurs préoccupations. Les actions en faveur des personnes handicapées doivent être globales et non individuelles. Il faut une relecture des textes discriminatoires aux différents concours et examens. Nous demandons que le traité de Marrakech soit promulgué. Nous demandons également que le protocole africain sur le droit des personnes handicapées soit ratifié et qu’une solution soit trouvée à la suspension des secours des étudiants handicapés. Notre souhait aussi est que les aérogares prennent des dispositions pour ne pas nous faire payer des surcouts au cours de nos voyages et que les personnes handicapées souffrant d’une maladie soit systématiquement pris en charge.
Nous implorons la clémence du chef de l’État pour que la direction des personnes handicapées du ministère des Affaires Sociales ne se substitue pas à la faitière des personnes handicapées. Ces actions ne nécessitent pas de décret ni de promesse.
Que doit-on faire alors pour vous ?
Je souhaite que dans l’avenir le président demande à rencontrer les interlocuteurs valables des personnes handicapées et non des individualités pour mieux apprécier les problèmes des Personnes handicapées. Les organisateurs de la rencontre avec le chef de l’État veulent montrer que tous les types de handicap sont représentés, ce qui n’est pas vrai.
Les personnes handicapées intellectuelles, les personnes atteintes d’albinisme sont absentes. Nous demandons surtout que les cadres du ministère des Affaires sociales respectent nos droits à travers la CDPH, la loi et les ODD à travers la faitière. L'inclusion sociale et économique des personnes handicapées n’est pas que l’affaire du ministère des Affaires sociales.
FIN
Transcription et réalisation : Libre Express
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