Mario Mètonou, le procureur spécial près la Cour de répression des infractions économiques (CRIET) se prononce sur l’affaire de corruption dans laquelle deux magistrats ont été déposés en prison jeudi 22 décembre 2022. Lors d’une conférence de presse ce vendredi 23 décembre 2022, Mario Mètonou a expliqué que les deux magistrats ont été placés sous mandat de dépôt par le parquet spécial pour “abus de fonction, tentative de corruption d’agent public et escroquerie”.
À l’origine de la poursuite de ces magistrats, une plainte d’une justiciable relative à des faits présumés de tentative d’extorsion de fonds en lien avec une procédure judiciaire en cours. Selon le procureur, la plaignante a expliqué au ministre de la Justice que son époux et elle-même sont poursuivis en flagrant délit par le tribunal de première instance de première classe de Cotonou. Son mari est en effet détenu depuis le 21 novembre 2022 pour des faits d’abus de confiance portant sur la somme de 84 000 000 FCFA.
“Dans cet établissement pénitentiaire, son époux a été approché par un autre détenu qui lui a fait la promesse de mettre à contribution son réseau dans le milieu judiciaire pour lui obtenir une remise en liberté ; dès la première évocation de son dossier à l’audience du 07 décembre 2022”, précise le procureur.
Ce dernier a alors fait appel à une intermédiaire qui s’est rendue à la prison civile de Cotonou. L’intermédiaire a exigé le versement d’une somme de 250 000 francs CFA. Ce montant est destiné à organiser un déjeuner au profit des magistrats en charge de la procédure. Elle devait profiter de ce déjeuner pour négocier la libération, selon les détails fournis par le procureur.
Quatre millions demandés par l’intermédiaire
Mis à part cette somme, le détenu devait lui verser quatre millions FCFA à remettre aux magistrats pour sceller l’affaire. La somme de 250 000 FCFA a été effectivement versée. Par contre, sur les quatre millions FCFA exigés pour les magistrats, le détenu n’a pu réunir qu’un million. “En recevant cette somme, l’intermédiaire aurait manifesté son mécontentement et aurait indiqué que le dossier serait renvoyé jusqu’au paiement intégral”, indique le procureur.
Advenue le jour du procès, la demande de mise en liberté provisoire formulée par le détenu a été rejetée et l’audience a été renvoyée au 11 janvier 2023 en vue du désintéressement de la victime des faits présumés d’abus de confiance".
“Percevant, dans le rejet de la demande de mise en liberté provisoire de son époux et le renvoi de la cause, une mesure de représailles, la plaignante a dénoncé les faits au Garde des Sceaux, lequel a chargé l’un de ses collaborateurs, magistrat, de lui faire un rapport sur la procédure en vue de la saisine éventuelle de l’Inspection des services judiciaires”.
Le magistrat collaborateur du ministre réclame 60 millions FCFA
Selon le procureur, ce collaborateur, après avoir pris connaissance du dossier, aurait suggéré à la plaignante de mobiliser, afin d’obtenir la libération de son époux, la somme 60 000 000 FCFA décomposée comme suit :
- 53 000 000 pour désintéresser la victime ;
- et 7 000 000 pour ses collègues en charge de la procédure.
La CRIET ouvre une enquête
Selon le procureur Mario Métonou, la CRIET a ouvert une enquête vu la gravité de ces faits et de leur récurrence. Cette enquête a mis en cause quatre magistrats dont il s’avère que trois sont des proches de l’intermédiaire. “Présentés à notre parquet au terme de l’enquête, l’intermédiaire ainsi que le détenu l’ayant mis en contact avec l’époux de la plaignante ont été placés sous mandat de dépôt en même temps que deux magistrats. Les deux autres magistrats sont poursuivis sans mandat”, détaille-t-il.
Il est à préciser que les chefs de poursuite sont l’abus de fonction, la tentative de corruption d’agent public et l’escroquerie. “Ces infractions sont sévèrement punies par la législation béninoise. "Les peines varient entre cinq et vingt ans de réclusion criminelle. En présence de circonstances aggravantes, ces faits sont punis de la réclusion criminelle à perpétuité”, précise le procureur.
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L’audience, prévue pour le jeudi 12 janvier 2023, permettra de fixer le niveau de responsabilité des uns et des autres.
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