La rue gronde contre le régime du président Bola Tinubu. La crise économique que traverse le Nigéria a atteint un point d'ébullition cette semaine, avec de violentes manifestations dans plusieurs villes du pays qui ont dégénéré en affrontements meurtriers avec les forces de l'ordre.
Jeudi 1er août 2024, des milliers de Nigérians, en majorité des jeunes, sont descendus dans les rues pour exprimer leur colère face à la pire crise du coût de la vie que le pays le plus peuplé d'Afrique ait connue depuis des décennies. Ce sont les manifestants du mouvement #Endbadgovernance (« Mettre fin à la mauvaise gouvernance ») au Nigeria.
Le bilan est lourd : au moins 7 personnes ont été tuées lors de ces manifestations. Six manifestants ont perdu la vie dans la ville de Minna, capitale de l’État du Niger, dans le nord du pays, lorsque la police a tenté de déloger un barrage routier érigé par les protestataires. Une autre personne a été tuée à Kano, dans le nord également, lors d'affrontements avec les forces de l'ordre.
Des informations non confirmées font également état de morts et de l'utilisation de gaz lacrymogènes par la police pour disperser des rassemblements à Abuja, la capitale du Nigeria.
"Je suis ici pour me battre pour mes droits. Mes enfants ne vont pas à l'école, nous n'avons plus les moyens", a témoigné Ibrahim Suleiman, un commerçant de Lagos rapporté par Associated Press. "Nous avons faim. Une boîte de haricots coûte 2 200 nairas (1,32 dollar) et le gari 4 000", a-t-il poursuivi, dénonçant l'envolée des prix des denrées alimentaires.
La situation économique du Nigeria s'est gravement détériorée ces derniers mois, avec une inflation record atteignant 34% sur un an et des prix alimentaires qui ont plus que doublé. Cette crise a été amplifiée par la suppression d'une subvention controversée sur les carburants et un assouplissement du contrôle des changes, deux réformes saluées par les institutions internationales mais qui ont durement touché le pouvoir d'achat des Nigérians.
Face à la colère grandissante de la population, le gouvernement a tenté de distribuer de l'aide alimentaire, mais ces "palliatifs" sont largement jugés insuffisants et inefficaces.
Lundi 29 juillet 2024, le président Bola Tinubu a promulgué une loi sur le salaire minimum, le doublant à 70 000 nairas (42 dollars), mais de nombreux États ont d'ores et déjà annoncé qu'ils ne seraient pas en mesure de le payer.
Alors que la situation économique et sociale continue de se dégrader, le risque de nouvelles manifestations violentes et meurtrières plane sur le Nigéria, plongeant le pays dans une grave crise politique et sociale.
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