Reporters Sans Frontières (RSF) a publié ce vendredi 3 mai son classement 2024 sur la liberté de la presse dans le monde. Dans son classement consulté par Libre Express, le Bénin a réalisé une performance remarquable en faisant un bond de 23 places par rapport à l'année 2023. Le pays se hisse ainsi à la 89ème position sur un total de 180 pays évalués.
Malgré cette amélioration, RSF souligne que la liberté de ton des journalistes a connu une baisse significative ces dernières années au Bénin. L'organisation met en évidence l'absence de grandes entreprises de presse viables dans le pays, ce qui limite la diversité des médias et leur indépendance. De plus, RSF révèle que le gouvernement béninois utilise son pouvoir sur l'attribution des contrats de partenariats pour favoriser certains médias et en priver d'autres, notamment ceux qui adoptent une position critique.
Le classement de RSF repose sur plusieurs indicateurs, dont les aspects politiques, sociaux, législatifs, économiques et sécuritaires. Le Bénin a enregistré des progrès dans certains de ces domaines, mais a connu une baisse au niveau des indicateurs économiques et sociaux. RSF souligne que malgré l'entrée en vigueur d'une convention collective en 2017, les journalistes béninois vivent dans la précarité, ce qui les expose à la corruption et sape leur indépendance.
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L'organisation souligne également que ces dernières années, le gouvernement du président Patrice Talon a renforcé son emprise sur le secteur médiatique, limitant ainsi la liberté des journalistes de couvrir certains sujets d'intérêt public. Pour Reporters sans frontières RSF depuis l'accession au pouvoir de Patrice Talon en 2016, les journalistes ont un accès limité aux données relatives à la situation sécuritaire, aux déplacés internes et aux contrats miniers.
En termes de sécurité, RSF signale que la dégradation de la situation dans le nord du Bénin a entraîné des atteintes répétées à l'exercice du journalisme, telles que des arrestations, des détentions et des expulsions. Les attaques armées qui ont eu lieu dans cette région ont créé un climat d'insécurité qui entrave le travail des journalistes béninois. « Entre 2022 et 2023, au moins sept journalistes en reportage ont ainsi été arrêtés dans le nord-ouest du pays », pointe le classement de RSF.
Ce classement 2024 est dominé par la Norvège qui conserve pour la huitième fois de suite sa première place. En 2024, les pays du Sahel connaissent une chute libre depuis que des juntes ont pris le pouvoir notamment au Niger (80e, - 19 places), au Burkina Faso (86e, - 28 places) et au Mali (114e, - 1 place). Selon RSF, ces juntes ne cessent de resserrer leur emprise sur les médias et d’entraver le travail des journalistes.
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