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Bénin : Reckya Madougou dénonce ses conditions de détention et accuse le DG de l’APB

L’opposante Reckya Madougou, incarcérée depuis mars 2021 à la prison civile de Missérété, a dénoncé vendredi 5 avril 2024 ses conditions de détention. L’ex-garde des sceaux du Bénin a accusé ouvertement le Directeur général de l’Agence pénitentiaire du Bénin (APB), François Hounkpè de violer ses droits de prisonnière.

L'opposante Reckya Madougou lors d'un meeting à Porto-Novo le 3 mars 2022.

L'opposante Reckya Madougou lors d'un meeting à Porto-Novo le 3 mars 2022.

Reckya Madougou ne supporte plus la violation de ses droits élémentaires de détenue. Après la polémique née d'un refus de visite des députés de l'opposition, c'est Reckya Madougou même qui a décidé de prendre la parole à travers un poste sur sa page Facebook le vendredi 5 avril 2024. Dans le post intitulé : "Le cri de cœur d'une détenue politique aux droits bafoués jusque dans les geôles", Reckya Madougou évoque les conditions difficiles de sa détention à la maison d'arrêt d'Akpro-Missérété.

 

"Dans quel état de droit un prisonnier est-il interdit de témoigner même à ses enfants et à son médecin traitant quand il est souffrant, et sans tenir compte de la gravité de la situation ? C'est ce que je suis la seule à endurer à la prison de Missérété. Je porte ma croix et je vous survivrai, grâce à Dieu quoi que vous m'infligiez comme supplice et humiliations. Le calvaire que je subis jour après jour est sans nom, au mépris de la liberté de la Grâce de Travail de l'ONU qui a été déclarée monument arbitraire. La véritable "sorcellerie", c'est de détenir aux forceps les opposants, les priver de leurs droits fondamentaux et tout tenter pour les museler afin qu'ils soient oubliés et abandonnés. Peine perdue. Vous entendrez parler de nous. Nonobstant l'ostracisme dont je suis pour ma part victime. Aucune injustice n'est destinée à être éternelle", écrit-elle.

 

Pour Reckya Madougou, son silence face à toutes ces choses subies n'est point synonyme de consentement mais une option personnelle en lien avec son parcours spirituel. "Je sais, avec des preuves que j'ai accumulées au fil du temps pour l'heure du bilan, qu'un agenda spécial de torture m'est particulièrement dédié. Les autorités le savent et nombre de visiteurs connus tout comme anonymes l'ont expérimenté. Ainsi, seule l'administration de la Prison Civile d'Akpro-Missérété (PCAM) a reçu des instructions fermes quant à la nature illégale et féroce du régime carcéral qui m'est imposé. La plupart des officiers qui s'y succèdent s'y emploient affublés d'un zèle redoutable, avec à leur tête, le Directeur Général (DG) de l'Agence Pénitentiaire du Bénin (APB), Monsieur François Hounkpè", affirme-t-elle.

 

Pourtant, l'opposante au régime de Patrice Talon souligne que la Déclaration universelle des droits de l'homme, les règles Nelson Mandela, la convention des Nations Unies contre la torture, la convention des Nations Unies sur la discrimination à l'égard des femmes sont autant d'instruments juridiques internationaux qui consacrent ses droits de prisonnière.

 

Le DG de l’APB dans son viseur

 

Le directeur général de l'Agence pénitentiaire du Bénin (APB), François Hounkpè, est mis en cause par Reckya Madougou dans sa difficile condition de détention. L’opposante lui reproche d'avoir délibérément choisi de la priver de certains droits pour préserver son poste. Elle ne sollicite aucune faveur, mais l'invite simplement à exercer ses fonctions dans le respect des dispositions de l'article 35 de la Constitution.

Pour Madougou, le DG viole depuis trois ans de manière abusive et discriminatoire ses droits élémentaires, y compris celui de téléphoner à ses enfants, alors que tous les détenus, même ceux coupables de crimes, en bénéficient quotidiennement.

 

Reckya Madougou mentionne qu'elle a été empêchée de téléphoner à son fils la veille de l'examen du brevet des collèges en juin 2023. Bien qu'elle soit dans son droit, elle déplore que ses demandes de pouvoir parler à ses enfants à l'approche des examens scolaires soient systématiquement refusées. Elle avait suggéré à ses geôliers d'être présents pendant l'appel pour suivre la conversation, mais ses demandes sont restées sans réponse. Madougou regrette d'avoir fait preuve de naïveté en espérant un peu d'humanisme de la part du DG.

 

LIRE AUSSI : Bénin : des députés de l'opposition interdits de rendre visite à Reckya Madougou 

 

Reckya Madougou évoque également des difficultés à téléphoner à ses proches et à voir son médecin personnel à la prison civile de Missérété. Elle souligne que le DG lui a fait croire que son impossibilité d'accéder aux téléphones mobiles était due à une simple défaillance logistique qui serait bientôt résolue, alors que cela n'a pas été le cas. L’opposante Reckya Madougou ajoute que bien que le DG mentionne dans un communiqué qu'elle reçoit la visite de son médecin, il a omis de préciser que cela a été obtenu après de longues luttes durant toute une année, et que depuis 2022.

 

Malgré des crises sanitaires et des prescriptions d'examens par des spécialistes, Madougou avance qu'elle n'a jamais été autorisée à les effectuer. Elle se plaint du manque d'attention envers sa santé et du refus constant de la direction de la prison et du Procureur Spécial de la CRIET de lui permettre de se rendre dans les hôpitaux pour ses examens, alors que tous les autres détenus y ont droit.

 


“ 𝐏𝐞𝐧𝐝𝐚𝐧𝐭 𝐥𝐨𝐧𝐠𝐭𝐞𝐦𝐩𝐬 𝐦𝐞𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐬𝐞𝐢𝐥𝐬 𝐞𝐭 𝐦𝐨𝐢 𝐚𝐯𝐨𝐧𝐬 𝐭𝐮 𝐝𝐞 𝐧𝐨𝐦𝐛𝐫𝐞𝐮𝐬𝐞𝐬 𝐞𝐱𝐚𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐜𝐚𝐫, 𝐦𝐨𝐧𝐬𝐢𝐞𝐮𝐫 𝐥𝐞 𝐃𝐆 𝐀𝐏𝐁, 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐯𝐞𝐳 𝐜𝐞𝐭𝐭𝐞 𝐟â𝐜𝐡𝐞𝐮𝐬𝐞 𝐭𝐞𝐧𝐝𝐚𝐧𝐜𝐞 à 𝐥𝐚𝐢𝐬𝐬𝐞𝐫 𝐩𝐚𝐫𝐚ît𝐫𝐞 𝐮𝐧𝐞 𝐜𝐨𝐫𝐫𝐞𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐥’𝐢𝐧𝐣𝐮𝐬𝐭𝐢𝐜𝐞 𝐞𝐧 𝐥’at𝐭𝐞𝐧𝐝𝐚𝐧𝐭 𝐩𝐥𝐮𝐭ôt 𝐦𝐨𝐦𝐞𝐧𝐭𝐚𝐧é𝐦𝐞𝐧𝐭, 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞 𝐣’𝐚𝐢 𝐞𝐮 à 𝐥𝐞 𝐬𝐨𝐮𝐥𝐢𝐠𝐧𝐞𝐫 𝐭𝐚𝐧𝐭ô𝐭. Chaque fois que vos iniquités sont révélées sur la place publique, au lieu de corriger en étant juste, vous identifiez des boucs émissaires pour détourner l’attention de mon cas flagrant. Ceci n’est qu’un échantillon de tout le supplice que je supporte entre vos mains. Assurément, 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐢𝐧𝐮𝐞𝐫 à 𝐠𝐚𝐫𝐝𝐞𝐫 𝐥𝐞 𝐬𝐢𝐥𝐞𝐧𝐜𝐞 𝐬𝐞𝐫𝐚𝐢𝐭 ê𝐭𝐫𝐞 𝐜𝐨𝐦𝐩𝐥𝐢𝐜𝐞 𝐝𝐞 𝐦𝐚 𝐩𝐫𝐨𝐩𝐫𝐞 𝐝𝐞𝐬𝐭𝐫𝐮𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧. 𝐌𝐨𝐧 𝐋𝐢𝐞𝐮𝐭𝐞𝐧𝐚𝐧𝐭-𝐂𝐨𝐥𝐨𝐧𝐞𝐥 𝐅𝐫𝐚𝐧ç𝐨𝐢𝐬 𝐇𝐨𝐮𝐧𝐤𝐩è, 𝐩𝐫𝐨𝐦𝐮 à 𝐜𝐞𝐭 𝐡𝐨𝐧𝐨𝐫𝐚𝐛𝐥𝐞 𝐠𝐫𝐚𝐝𝐞 𝐞𝐧 𝟐𝟎𝟐𝟑 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐛𝐨𝐧𝐬 𝐞𝐭 𝐥𝐨𝐲𝐚𝐮𝐱 𝐬er𝐯𝐢𝐜𝐞𝐬, 𝐣𝐞 𝐥𝐚𝐢𝐬𝐬𝐞 𝐜𝐞𝐬 𝐭𝐫𝐚𝐜𝐞𝐬 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐥𝐚 𝐩𝐨𝐬𝐭é𝐫𝐢𝐭é, 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐯𝐨𝐬 𝐞𝐧𝐟𝐚𝐧𝐭𝐬, 𝐥𝐞𝐬 𝐦𝐢𝐞𝐧𝐬 𝐞𝐭 𝐥𝐞𝐬 𝐞𝐧𝐟𝐚𝐧𝐭𝐬 𝐝𝐮 𝐁𝐞́𝐧𝐢𝐧 𝐞𝐧 𝐠𝐞́𝐧𝐞́𝐫𝐚𝐥. Le rôle d’administration de traitements dégradants que vous acceptez d’endosser, ne devrait plus être possible dans notre pays depuis 1990. 𝐉𝐞 𝐥𝐞 𝐝𝐞́𝐧𝐨𝐧𝐜𝐞 𝐚𝐟𝐢𝐧 𝐪𝐮𝐞 𝐧𝐮𝐥 𝐧𝐞 𝐥𝐞 𝐬𝐮𝐛𝐢𝐬𝐬𝐞 𝐝𝐞𝐦𝐚𝐢𝐧, 𝐩𝐚𝐬 𝐦ê𝐦𝐞 𝐜𝐞𝐮𝐱 𝐪𝐮𝐢 𝐦’𝐲 𝐬𝐨𝐮𝐦𝐞𝐭𝐭𝐞𝐧𝐭 𝐚𝐮𝐣𝐨𝐮𝐫𝐝’𝐡𝐮𝐢. 𝐕𝐨𝐮𝐬 𝐬𝐞𝐫𝐞𝐳 𝐩𝐞𝐫𝐬𝐨𝐧𝐧𝐞𝐥𝐥𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐭𝐞𝐧𝐮 𝐫𝐞𝐬𝐩𝐨𝐧𝐬𝐚𝐛𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐭𝐨𝐮𝐭 𝐜𝐞 𝐪𝐮𝐢 𝐩𝐨𝐮𝐫𝐫𝐚𝐢𝐭 𝐚𝐝𝐯𝐞𝐧𝐢𝐫 𝐝𝐞 𝐦𝐨𝐧 𝐢𝐧𝐭é𝐠𝐫𝐢𝐭é 𝐩𝐡𝐲𝐬𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐞𝐭 𝐦𝐞𝐧𝐭𝐚𝐥𝐞, 𝐯𝐨𝐮𝐬, 𝐯𝐨𝐬 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐚𝐧𝐝𝐢𝐭𝐚𝐢𝐫𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐯𝐨𝐬 𝐜𝐨𝐦𝐩𝐥𝐢𝐜𝐞𝐬.", dénonce Madougou.

 

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