Vers une nouvelle lourde condamnation pour l'ex-député Désiré Vodonou à la CRIET ? Ce jeudi 21 décembre 2023, le ministère public a fait sa réquisition dans le second dossier qui a conduit au placement en détention provisoire de l'ex-député Désiré Vodonou et deux co-prévenus. Il s'agit de l'informaticien sénégalais Sy Sérigne Abdoul Aziz et Sylvestre Attadé, le chef d'agence Godomey de la BGFI Banque.
Tous les trois ont été placés en détention provisoire depuis le 4 novembre 2022 par le procureur spécial de la CRIET, Mario Mètonou. Les chefs d'accusation retenus contre eux sont : « accès et maintien illégal dans un système informatique, escroquerie et blanchiment de capitaux ».
Les réquisitions du ministère public
Ce jeudi 21 décembre 2023, c'est le deuxième substitut du procureur spécial de la CRIET qui est à la charge. Depuis l'ouverture de ce dossier, c'est ce magistrat qui gère le dossier de Désiré Vodonou et de ses co-prévenus.
Ce substitut du procureur spécial de la CRIET commence sa réquisition par les déclarations de l'ex-député lors des différentes audiences.
Selon le ministère public, l'ex-député Désiré Vodonou reconnaît avoir fait cette affaire de server to server qui consisterait à s'immiscer dans le système informatique de la banque BGFI pour introduire de l'argent en provenance de Russie. Mais sentant le danger, l'ex-député s'est retiré de cette affaire, affirme le magistrat.
Le procureur signale que l'objectif visé est de ramener virtuellement de l'argent de Russie, de le mettre sur le système informatique de BGFI et de le remettre dans le circuit normal. Il s'agit de brouiller les pistes en introduisant de l'argent illicite dans un système licite, renseigne-t-il. « C'est du blanchiment de capitaux », précise le procureur. Le substitut du procureur spécial de la CRIET précise que le banquier Sylvestre Attadé a facilté l'opération avec l'appui de l'informaticien sénégalais.
Pour les faits d'escroquerie, le ministère public a requis le doute au motif de ce que le parquet spécial ne connaît pas l'origine de l'argent qui devrait être inséré dans le système informatique de BGFI Banque, rapporte l'envoyé spécial de Libre Express
Requalification des faits et 10 ans requis
Sur les charges d'accès et de maintien illégal dans un système informatique, le parquet spécial de la CRIET a requis une requalification des faits en une « entrave au fonctionnement d'un système informatique pour en tirer un profit ».
Selon le parquet, l'objectif visé est d'entraver le bon fonctionnement du système informatique de la Banque. À ce sujet, le procureur indique que le rapport de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI) sur le dossier est si éloquent et souligne que leur système a été sur le système informatique de la banque au moins depuis le 12 septembre 2022 jusqu'au 4 novembre 2022, rapporte l'envoyé spécial de Libre Express.
Le ministère public a donc demandé à la Cour de relaxer au bénéfice du doute Désiré Vodonou et ses co-prévenus des fins de la poursuite des faits d'escroquerie. Il a demandé à la Cour de les retenir dans les liens des infractions de blanchiment de capitaux et d'entrave au fonctionnement d'un système informatique pour en tirer profit.
Pour ces deux infractions, le substitut du procureur spécial de la CRIET a requis la condamnation de Désiré Vodonou et de ses deux co-prévenus à dix (10) ans de prison ferme et cinquante (50) millions FCFA d'amende. Le parquet spécial demande à la Cour de réserver les intérêts civils et de les fixer à la juste proportion. Il n'a pas suivi la demande de l'avocate de la banque qui réclamait 100 millions FCFA à Désiré Vodonou et ses co-prévenus pour toute cause de préjudice confondu.
La confiscation des biens de Vodonou demandée
Dans sa réquisition, le ministère public a demandé à la Cour d'ordonner dans son verdict la confiscation de tous les biens de Désiré Vodonou et de ses deux co-prévenus identifiés par l'enquête patrimoniale. Certains avocats de la défense ont plaidé la clémence et d'autres la relaxe au bénéfice du doute.
Vodonou prend la parole une dernière fois
À la fin des plaidoiries des avocats, l'ex-député Désiré Vodonou a pris la parole une dernière fois. « À travers tout ce que j'ai dit ici, ça m'étonne (la réquisition, ndlr). Toutes les banques du Bénin me connaissent depuis 2010. Je suis étonné de me voir dans le dossier dont je me suis retiré », a-t-il déclaré. Le président de céans a renvoyé le délibéré du dossier de Désiré Vodonou au jeudi 7 mars 2024.
Vodonou déjà condamné à 10 ans de prison dans un autre dossier
L'affaire casse d'une banque dans laquelle le parquet vient de requérir 10 ans de prison est bien distincte de la seconde affaire de fraudes à la carte bancaire dans laquelle Désiré Vodonou a été condamné. Dans cette seconde affaire, l'ex-député Désiré Vodonou, l'homme d'affaires Wilfried Ayatodé et six co-prévenus ont été reconnus coupable des faits de recel de données informatiques et de blanchiment de capitaux. Pour ces faits, l'ex-député Désiré Vodonou et le Sénégalais écope de 10 ans de prison ferme.
Quant à l'homme d'affaires Wilfried Ayatodé, extradé de la Côte d'Ivoire après son évasion en janvier 2023, il écope de 20 ans de prison ferme et doit payer plus de 300 millions FCFA d'amendes. Selon le verdict rendu, les prévenus Wilfried Ayatodé, Désiré Vodonou et le Sénégalais et un autre doivent payer solidairement 628 millions FCFA de dommages-intérêts à la banque victime de leur fraude bancaire à la carte.
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