Après sept mois de procès, le verdict de la CRIET n'est pas tombé dans l’affaire du présumé Frère Hounvi. Ce lundi 26 mai 2026, la chambre correctionnelle de la CRIET a simplement décidé de proroger le verdict du procès au lundi 2 juin 2025. Steve Amoussou retourne donc en prison en attendant le verdict de son procès, rapporte l'envoyé spécial de Libre Express.
2 ans de prison requis
Le premier substitut du procureur spécial près la CRIET, Amand Donald Reagan Hounguè a souligné lors de ses réquisitions le lundi 14 avril 2025 que le prévenu Steve Zountidé Amoussou est le chroniqueur anonyme Frère Hounvi. Le procureur souligne que depuis son arrestation, il n'y a plus eu de chroniques du Frère Hounvi et qu'il a reconnu devant le parquet qu'il était le chroniqueur anonyme. Ces chroniques étaient des « missives à caractère corbeau » et des propos malveillants destinés à insulter, à intimider les personnalités visées par ses chroniques.
Le procureur lui a souhaité de se repentir et d'être comme Nelson Mandela et non comme le Burkinabè Thomas Sankara. Se basant sur les articles 550, 552 et autres du Code du numérique, le ministère public a demandé de le retenir dans les liens de la prévention des infractions « de harcèlement par voie électronique, d’initiation et de publication de fausses nouvelles et de provocation directe à la rébellion ». Il avait requis deux ans ferme de prison ferme et un million franc CFA d'amendes
Steve Amoussou nie être le Frère Hounvi
Tout au long du procès Steve Amoussou a nié ne pas être le Frère Hounvi. Lors de l'audience du lundi 7 avril 2025, le juge a confronté Steve Amoussou à des éléments retrouvés dans le téléphone d'Olivier de Montaguère, un individu incarcéré et poursuivi pour cybercriminalité devant la CRIET. Il s'agit d'un numéro de téléphone appartenant au présumé Frère Hounvi avec lequel ce dernier discutait d'une de ses chroniques.
Steve Amoussou reconnaît avoir utilisé ce numéro, mais il a nié être l'auteur de l'avatar Frère Hounvi. Les propos accusatoires du présumé Frère Hounvi envers le président Patrice Talon ont également été au cœur des débats. Le juge a procédé à la lecture de certains extraits de chroniques dans lesquels le Frère Hounvi qualifiait le président de « dictateur nègre » et accusait le Bénin d'être une « plaque tournante de la drogue ». Face à ces allégations, Steve Amoussou a affirmé ne pas pouvoir apporter de preuves dans les conditions actuelles, soulignant les conditions « inhumaines » de son kidnapping en terre togolaise.
La Cour constitutionnelle a rejeté tous les recours d’exceptions en nullité de toute la procédure judiciaire soulevés par les avocats de la défense. Lors de l'audience du lundi 18 novembre 2024, ses conseils ont indiqué aux juges qu'il ne pouvait pas avoir de procès à partir du moment où son arrestation a été reconnue illégale et que ses ravisseurs ont été condamnés par cette même juridiction.
Steve Amoussou a été kidnappé à Lomé
Connu sous le pseudonyme de « Frère Hounvi », cet activiste politique était parvenu pendant des années à distiller ses virulentes critiques à l'encontre du président Patrice Talon, dans l'anonymat le plus total. Ses chroniques acerbes, publiées sur les réseaux sociaux, avaient fini par agacer les plus hautes sphères du pouvoir béninois, qui ont tout mis en œuvre pour démasquer ce redoutable opposant.
Lors de la première audience, le lundi 7 octobre 2024, Steve Amoussou avait plaidé non coupable face aux trois chefs d'inculpation retenus contre lui. À l’audience du 18 novembre 2024, Steve Amoussou a pris la parole pour dénoncer les conditions de son enlèvement à Lomé. Ramené de force au Bénin après son kidnapping le lundi 12 août 2024, il a été placé en détention provisoire le mardi 20 août 2024 pour les trois chefs d'accusation retenus à son encontre par le parquet spécial de la CRIET. Cet enlèvement rocambolesque, suivi de son transfert au Bénin, a d'ailleurs fait l'objet d'un premier volet judiciaire.
En effet, la justice togolaise a émis des mandats d'arrêt internationaux contre quatre ressortissants béninois soupçonnés d'avoir participé au rapt de Steve Amoussou. Deux d'entre eux, Jimmy Gandaho et Géraud Gbaguidi, ont d'ailleurs été condamnés le 3 septembre 2024 par la CRIET pour "arrestation illégale" du chroniqueur.
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