Il y a soixante ans, le 20 avril 1965, la loi 65-20 créait officiellement l'Ordre des avocats du Bénin. Mais les racines de ce Barreau plongent en réalité bien avant l'indépendance, à une époque marquée par l'injustice coloniale. Comme l'a rappelé Me Angelo Hounkpatin, les pionniers comme Germain Crespin, Luis Ignacio Pinto et Kojo Tovalu Houénou ont dû « arracher le droit à la défense pour les indigènes sous le joug colonial ».
« Le Barreau est né dans la douleur, dans une époque où la dignité des colonisés était bafouée. Défendre, c'était résister. Et cela demeure », a martelé le bâtonnier. Il dresse un poignant tableau des origines de la profession.
Au fil des décennies, le Barreau a traversé de nombreuses épreuves, notamment sous le régime socialiste avec l'imposition de la robe verte par décret en 1983 - « un symbole de l'ingérence du pouvoir politique », selon Me Hounkpatin. Celui-ci a rendu hommage à Me François Amorin, seul à avoir refusé de porter cette robe, incarnant « l'esprit d'indépendance qui anime la profession ».
Mais les défis contemporains n'en demeurent pas moins préoccupants pour les avocats béninois. Le bâtonnier a ainsi évoqué les réformes judiciaires, la désignation d'office des avocats sans l'accord du bâtonnier, la gestion de la Caisse autonome des règlements pécuniaires des avocats (Carpa), la précarité des jeunes confrères et l'adaptation nécessaire aux mutations numériques.
« Nos combats d'aujourd'hui prolongent ceux d'hier. Défendre l'indépendance de l'avocat, c'est défendre la justice pour tous », a insisté Me Hounkpatin. Il rappelle que cette valeur d'indépendance reste le « pilier fondamental de tout État de droit ».
Soixante ans après sa création, le Barreau du Bénin réaffirme ainsi sa vocation : être au service de la justice, de la liberté et de la dignité humaine. Un engagement ancré dans un héritage forgé dans la résistance et la quête constante d'une justice équitable.
Commentaires