Fortunes diverses et lourdes sentences judiciaires pour Raymond Adékambi, ancien patron de l’AGETIP. Ce lundi 14 avril 2025, la chambre correctionnelle de la CRIET a vidé deux différents dossiers impliquant Raymond Adékambi.
3 ans de prison et plusieurs millions FCFA à payer dans le premier dossier
Dans le premier dossier, Raymond Adékambi est poursuivi pour abus de confiance par le Libanais Koudeih Mahmoud. Le plaignant reproche à au patron de l’Agence d’exécution des travaux d’intérêts publics de n’avoir pas payé une prestation alors que les fonds ont été décaissés par l’État béninois. L’entrepreneur s’est plaint d d’avoir fini son travail depuis 2015 sans être payé. Le montant de cette facture est de plus de 100 millions. Le plaignant reconnaît que Adékambi a lui déjà payé 57,2 millions FCFA et qu'il lui doit encore 62 868 458 FCFA. Dans ce dossier, le ministère public a requis l'incompétence de la chambre correctionnelle au motif que le montant réclamé par le Libanais Koudeih Mahmoud n'atteint pas 100 millions FCFA d'amendes. La CRIET n'est compétente que pour les dossiers dépassant 100 millions FCFA, rapporte l'envoyé spécial de Libre Express.
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Dans son verdict rendu ce lundi 14 avril 2025 dans ce dossier, la Cour a requalifié les faits d'abus de confiance en « abus de confiance et blanchiment de capitaux ». Le juge a eu la main lourde. Il a condamné Raymond Adékambi a 36 mois de prison ferme et plus de 188 millions FCFA d'amendes. La Cour a également décerné un mandat de dépôt contre Adékambi. Il a aussi condamné l'ex-DG de l'AGETIP Bénin a payé un peu plus de 62 millions à l'entreprise BTP du Libanais qui a porté plainte. La confiscation de 6 parcelles nues sises à Kétou et appartenant à Adékambi a été ordonnée.
5 ans de prison ferme et plus de 6 milliards FCFA à payer dans le deuxième dossier
Le deuxième dossier est relatif à un présumé détournement d'un montant de 1,6 milliards de francs CFA, un représentant de la partie civile avait témoigné à la barre. Il s'agit d'un actionnaire de l'AGETIP-Bénin. Ce dernier a expliqué qu'une enveloppe de plus de 1,6 milliard FCFA a été débloquée pour la réalisation de certains projets mais ces projets pour lesquels ces fonds ont été alloués n'ont jamais démarré. Selon la déposition de l’actionnaire, cette importante somme provient des partenariats de financement des projets noués par le ministère du Cadre de vie. Ces financements sont prévus pour être assurés par la BOAD et la BIDC à hauteur de cinq milliards FCFA et de quatre milliards FCFA.
Ainsi, les deux institutions ont débloqué neuf cent (900) millions FCFA et sept cent (700) millions francs CFA pour la réalisation des travaux. Mais à l'arrivée, l'État béninois a ordonné le blocage du démarrage desdits projets pour une question de priorité. Devant les juges de la CRIET, ce représentant de la partie civile confiait que l'Assemblée générale des actionnaires a constaté la mystérieuse disparition des 1,6 milliard francs CFA des caisses de l’AGETIP Bénin. C'est ainsi qu'une procédure judiciaire a été engagée par les autres actionnaires contre Raymond Adékambi et son co-prévenu. Toutes les demandes de remise en liberté provisoire des prévenus ont été rejetés par le juge. Lors d'une audience le lundi 3 février 2025, l’Etat béninois avait demandé leur condamnation à 100 millions de dommages-intérêts et la saisie des actions de Raymond Adékambi au sein d’AGÉTIP-Bénin.
Le ministère public représenté par le magistrat Amand Donald Reagan Hounguè, premier substitut du procureur spécial de la CRIET, avait requis une requalification des faits d'abus de confiance et de blanchiment de capitaux en « abus de fonction et complicité d'abus de fonction ». Il avait alors requis la condamnation de Raymond Adékambi et de son coprévenu Kotin Noudehounénou à 2 ans de prison dont un ferme et 500 000 FCFA d'amendes chacun. Le ministère public avait demandé à la Cour de faire droit à la demande du plaignant Léonard Kedoté, actuel PDG AGETIP-Bénin.
Dans son verdict rendu ce lundi 14 avril 2025 dans ce dossier, la chambre correctionnelle de la CRIET a requalifié pour Adékambi les charges en « abus de confiance et blanchiment de capitaux ». Pour son coprévenu, Kotin Noudehounénou, les faits ont été requalifiés en « recel d'abus de confiance ». Pour ces faits, Raymond Adékambi écope de cinq (5) ans et 4 milliards FCFA d'amendes et 2 milliards de dommages-intérêts. Il doit verser au total plus de 6 milliards FCFA d'amendes et dommages-intérêts. La CRIET a aussi ordonné la confiscation de son hôtel les résidences Céline sis à Kétou et sa maison à PK10.
Quant à son coprévenu, Kotin Noudehounénou, il écope de 15 mois de prison ferme et 60 millions FCFA d'amendes. La saisie d'une voiture lui appartenant a été ordonnée par la chambre de jugement, rapporte l'envoyé spécial de Libre Express.
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