Le bras de fer s'intensifie entre le Niger et la Chine sur fond de coopération pétrolière. Après avoir fustigé les « subterfuges » et l'« appréciation fallacieuse des documents contractuels » de la China National Petroleum Corporation (CNPC), les autorités de Niamey ont décidé de serrer la vis.
À l'issue du Conseil des ministres du mardi 18 mars 2025, le gouvernement issu du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) a annoncé une série de mesures musclées pour rééquilibrer sa collaboration avec le géant pétrolier chinois, accusé d'une « absence de volonté réelle » de se conformer à la législation nationale.
Uniformisation salariale et « nigérisation » des postes
Parmi les principales dispositions figurent l'« uniformisation de la grille salariale entre employés expatriés et nigériens » ainsi que la « nigérisation des postes » dans les opérations pétrolières. Une manière pour Niamey d'accroître la participation de la main-d'œuvre locale et de réduire les écarts de rémunération jugés trop importants.
Les contrats de sous-traitance devront désormais être exécutés par des entreprises nigériennes, tandis que certaines conventions seront révisées. Les autorités exigent également des clarifications sur les engagements financiers liés à la construction de l'oléoduc Niger-Bénin et réclament la modification des statuts de la société West African Petroleum Operations (WAPO) pour permettre l'ouverture de son capital à la partie nationale.
Conformité à la loi sur le contenu local
Ces décisions s'inscrivent dans le cadre de l'ordonnance n°2024-34 du 2 août 2024 sur le contenu local, qui impose l'« emploi prioritaire de la main-d'œuvre nigérienne, l'utilisation des biens et services locaux et un transfert des technologies » pour assurer des retombées économiques nationales.
Le gouvernement demande par ailleurs la nomination de représentants nigériens à des postes stratégiques au sein de la CNPC, avec les mêmes droits et avantages que leurs homologues chinois. Une manière d'accroître son influence et sa maîtrise du secteur.
Fermeture d'un grand hôtel chinois
Ces mesures musclées interviennent dans un contexte marqué par la fermeture du Soluxe International Hotel de Niamey, un établissement construit par des investisseurs chinois pour 25 milliards de FCFA, et dont la licence d'exploitation a été retirée le 6 mars en raison d' « infractions graves ».
Elles traduisent une réévaluation plus large des relations entre le Niger et la Chine, qui reste malgré tout un investisseur clé depuis la rupture avec plusieurs partenaires occidentaux après le coup d'État de juillet 2023. Un moyen pour Niamey d'affirmer sa souveraineté et de mieux tirer parti de ses ressources pétrolières.
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